Marseille

Le squat de Marseille fut le théâtre d´un Akana me improvisé dans tous les sens du mot. On l´a trouvé par le hasard d´un contact de Latcho Divano, qui était plutôt improbable... mais on a fait à notre habitude et tout s´est bien passé... un après-midi de printemps 2007
 
Donc pour ce qui est du squat, c'était assez cocasse... Lorsque nous allons à la rencontre des Roms migrants, la plupart du temps des Roumains, nous allons dans des endroits susceptibles d'accueillir ce genre de population, c.a.d. dans la périphérie des villes, dans des friches, etc. Et en général, nous trouvons toujours ce que nous cherchons. Mais si nous avons dans la région un contact, des travailleurs sociaux, ou des bénévoles et adeptes de l ́humanitaire qui s ́investissent sur le terrain (et ce n'est pas ça qui manque), nous préférons bien sûr, faire appel à eux, et aller droit au but, sans avoir à chercher. Comme à Marseille. Les organisateurs nous ont dit qu´ils étaient en contact avec des familles qui squattaient des maisons abandonnées dans un des quartiers de la banlieue marseillaise et qu'ils nous arrangeraient une rencontre sur place pour que nous puissions nous produire devant eux. Alors en début de l'après- midi nous partons tous en bus sur le lieu dit. Mais au fur et à mesure que nous roulions vers on ne sait où, il s'avère que l'information était erronée au départ, et qu'en fin de compte il n'y avait aucun contact avec qui que ce soit. Dommage, on aurait pu passer l ́apres midi autrement qu'à déambuler dans les rues sans but. Mais, décidément, le hasard fait bien les choses, au détour d'une ruelle nous découvrons un squat en bonne et due forme, nous l´investissons, comme d´habitude, les habitants sont d´abord sidérés et ne comprennent absolument pas de quoi il s´agit. Dans toutes ces situations absurdes et surréalistes, ce sont toujours les gossent qui nous tirent d´affaire. En effet, les mômes tsiganes sont partout pareils, et le courant passe instantanément, et c´est parti... En avant la musique, un spectacle improvisé à notre manière, tout le monde entre dans la ronde, et le tour est joué. On ne se reverra sans doute jamais, mais le souvenir restera dans les mémoires de tous à jamais...
 
 
 

Partant pour Marseille la nuit, nous y arrivâmes, même en roulant doucement en fin de mâtiné. Sur le Vieux Port nous découvrons une quinzaine de bénévoles en train d’essayer vainement de planter des piquets du chapiteau de cirque qui doit nous abriter les jours suivants. Visiblement, ce n’était pas leur tasse de thé, ils avaient du mal à ne pas rater les piquets, sans parler de les enfoncer dans le sol. A ce train c’était mal parti. Nos jeunes ont d’abord observé, amusés, ces déboires, pour ce retrousser les manches et planter tout ça avec une aisance de pros du marteau et de la pelle. Leur adresse à manier les lourdes massues était impressionnante, digne des concours internationaux.  Cette première scène était un peu à l’image des jours qui allaient suivre. Nous étions très bien accueillis par une équipe très sympa, toute à notre service, mais qui manquait visiblement d’expérience, ce qui se traduisait par certains détails qui en s’accumulant nous  ont amenés à un état de fatigue prononcée. On ne pouvait rien reprocher à personne, mais nous manquions vraiment de temps et d’air de repos et d’intimité personnelle, nous devions quitter les chambres dés 10heures, pour ne revenir qu’avant minuit sans avoir ou se poser entre temps, le chapiteau étant trop public pour y trouver de quoi se poser vraiment ne serait-ce que quelques instants. Ce qui était vraiment dommageable, c’est le manque de communication par rapport au festival. Le public était clairsemé, visiblement l’info n’est pas passé dans les médias et ne sont venus finalement que des initiés. C’est dommage, car je pense que nous avons fait de bons spectacles, les conditions scéniques et acoustiques étaient pas mal, non plus. Idem pour la sortie sur les squats, personne n’était prévenu, mais nous avons quand même fait notre intervention devant la seule famille présente à ce moment là. Dés le premier spectacle nous avions à déplorer un incident entre Stano et David et Viktor. Les deux derniers se tenaient plus ou moins bien, mais c’était juste à la limite de l’insolence, et Stano n’était pas non plus à cent pour cent. Pendant le spectacle le survêtement de Stano a disparu, il a accusé David et Viktor de le lui avoir volé. J’ai dit quelques mots et je les laissais avec Helena dans le coin qui nous servait de vestiaire, espérant que cela passerait tout seul. Erreur. Juste après les avoir laissés, on entend un bruit d’objets qui tombent et d’une bagarre. Je fonce sur place, tout le monde est excité, Helena s’est interposée, mais n’a pas pu empêcher un début d’altercation. Nous sommes après le premier spectacle, épuisés, énervés, il y a énormément d’autres choses à gérer que cela, des petits à surveiller, ranger, etc., alors j’interviens au raccourci , j’envoie une bonne baffe à David (je regrette ce genre de réactions, mais il n’a pas arrêté de me provoquer depuis le début de la tournée – toujours en retard jamais prêt, apathique sur scène, balade sur le toit de l’hôtel, vitre cassée, etc.) et je dis à Stano qu’il a failli à ses devoirs d’instructeurs et de jeune adulte responsable. David s’est apparemment calmé assez vite, Stano par contre encore le lendemain au petit déjeuner fait sa forte tête, refusant devant tout le monde de communiquer en nous narguant de plus belle. Bon, on lui dit de faire ses bagages et attendre le prochain bus pour Bratislava. Bien sûr ça fait désordre et désappointe tout le monde, surtout les petits qui suivent tout ça sans rien laisser échapper. Il est vrai que de pareilles situations, nous en avons connues plus d’une, et, la fatigue aidant, nous n’avons plus l’énergie nécessaire pour gérer le superflu, on a assez de quoi faire avec l’indispensable pour la survie de la tournée. Stano s’étant à maintes reprises manifesté comme changeant d’attitude et de comportement d’une minute à l’autre, nous le laissons faire son choix et s’assumer. Nous comprenons très bien que ce ne sont que des réactions à sa situation personnelle qui est très compliqué, mais physiquement, ni mentalement d’ailleurs, nous n’avons pas assez de ressources pour gérer tout cela. Bien que son absence subite ne pourrait pas être sans retombées directes sur le déroulement de la tournée, son investissement étant sans mesure, mais  c’est, hélas, vrai aussi dans le sens contraire, parfois il a l’art et la manière de pourrir la situation. C’est pourquoi nous sommes amenés à réagir d’une manière aussi radicale et que nous assumons à l’unanimité, Hélène, comme moi. Donc il attend en bas de l’auberge de jeunesse avec son sac de voyage le prochain bus pour Bratislava, à moins qu’il se mette d’ici là à revoir un peu d’un œil critique ce qui s’est passé. Nous enchainons avec les spectacles, comme prévu. Ca se calme un peu, je passe sur les détails, mais ça recommence quand même. Stano s’assagit, David et Viktor sont mis sur la touche pendant un spectacle, ce qui n’est pas forcément la meilleure solution, vu que l’on a besoin de tout le monde, mais on fait dans l’action, il n’y a pas le temps de trop analyser, de toutes façon si quelqu’un ne veut pas bosser au spectacle, il n’a qu’à rester à la maison. Au bout de deux jours ca passe, mais on s’en serait bien passé, ça use inutilement et n’est pas du tout souhaitable comme exemple pour les petits et les nouveaux. Dimanche soir nous quittons Marseille, malgré les quelques déboires c’était un excellent festival, de très bons contacts, de très bons spectacles. C’est aussi notre première expérience sous chapiteau. Ce concept permet un contact privilégié avec le public et donne envie d’approfondir la question. Il est évident, qu’au vu de la faible fréquentation du public, financièrement  nous ne pouvions espérer rien de plus que ce qui a été prévu à la baisse. Cela nous laisse encore un bon point d’interrogation sur la couverture de la tournée, car à Paris tout était encore à découvrir.

 

Fotogaléria: Le squat a Marseille