Izabela
Après toutes ces émotions intenses nous serions bien rentrés, mais il y avait encore l’anniversaire d’Izabela, la fille aînée de Micha. Je passe quand même un coup de fil à Coralie pour savoir si on doit venir même à 30. Au contraire. Ca serait une offense que de ne pas venir! Alors nous débarquons tous dans le squat de Saint-Denis. Dans la petite cour il y a une tablée pour 3O personnes de dressée, le barbecue, du coca, de la limonade, du saucisson, des chips, tout le monde nous attends. Micha est la preuve vivante de la théorie kanaugique de Marcel Courthiade, comme quoi tous les Roms auraient étés enlevés de Kannauge par ce mécréant de Mahmud de Gazni, qui ne faisait pas dans le détail et un beau jour du décembre 1018 a pris tout le lot, brahmanes, musicos, chaudronniers, parias, dans le même panier pour que cela fasse aujourd’hui les Roms tels que nous les connaissons tous. Micha descend directement des Maharadjas, celui qui a vécu ses réceptions ne pourra pas dire le contraire. Une petite pluie fine n’empêche pas les festivités, des musiciens jouent. Un excellentissime orchestre tzigane roumain joue de la musique tzigane roumaine. Eh oui, ça existe, et est assez loin des innombrables clichés sur la vraie musique tzigane des Balkans. On joue nous aussi, espérant qu’ils joueront avec nous. Mais tout à coups la pluie les gène, et ils plient vite bagages. Ca aussi, c’est une constante avec les pros. Ils veulent bien pavaner, mais ils ne veulent surtout pas se confronter à nous, aux sauvages. Ils déguerpissent. Tant pis pour eux. On danse, on mange, on chante. Les ados ont droit à une petite bière. A consommer avec modération et à surveiller sans compassion. Après les pâtes psychédéliques chez les squatteuses, un peu du carnivore ne fait pas de mal. Il est temps de partir, mais il y a encore la pièce montée. 5 étages. On remet ça. Lorsque l’on rentre enfin au gymnase, pas de match de foot de minuit, tout le monde s’endort instantanément.
23.3.2016
