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Du bidonville à l´Olympia

Verona Šikulová, écrivaine | 22.07.2015 13:00

Grenoble, France. Une chaleur horrible. Je zappe la télé. Tout-à-coup j´entends du slovaque. La chaîne franco-allemande Arte, passe un court document sur le groupe rom de Kezmarok, qui est passé en fin d´année dernière à l´Olympia.

Celui, qui s´oriente tant soit peu dans le monde de la musique, sait ce que ça veut dire, et aussi, que ce rêve n´est pas accessible à tout le monde. Le groupe, sous la direction d´Ivan Akimov, a été applaudi par Paris! Ils ont joué en première partie du groupe les Ogres de Barback, et les Français les ont acceuilli avec enthousiasme.

Arte a préparée un court reportage sur le groupe, plein de discussions avec les interprètes et leur directeur artistique. Les gosses des bidonvilles roms slovaques dansent sur la scène de l´Olympia. „Vous avez peur?“ demande leur chef. „Non, on a pas peur.“ „Vous devez avoir peur. Fais voir comment tremblent tes genoux!“ Un des ados fait trembler ses genoux. „Vous devez tous trembler un peu“ continue le chef, „Nous sommes à l´Olympia!“

Edith Piaf, elle aussi, elle est arrivée à l´Olympia de la „rue“. Et maintenant, il y a eu nos Roms. Nous pouvons être fiers d´eux. Et aussi, que nous avons des hommes comme Ivan Akimov. D´ailleurs, les Français l´ont adéquatement récompensé par l´Ordre du Mérite National. Manifestement, personne n´est apôtre en son pays.

J´ai étée émue de voir comment il parle avec les gosses, comment il fait la tournée des bidonvilles, comment il sait être copain avec „ses“ enfants. J´en suis arrivée à leur envier un tel camarade sympathique, qui, au lieu de cogiter éternellement sur la question rom, fait quelque chose de concret. Et, à la différence de beaucoup d´autres, qui parlent plus qu´ils n´agissent, derrière lui, on voit du résultat. Et surtout, on entend!

Je ne veux pas dire qu´il n´y a pas de problèmes, mais je m´incline profondément devant les gens qui sont sur les terrains, les enseignants, les travailleurs sociaux, qui font un travail remarquable, sans un mot de reconnaissance, et ils le font quand-même. On peut travailler avec les Roms, mais chez nous, on ne parle que des exemples négatifs.

Nous avons aussi en Slovaquie des Roms qui ont réussi, qui sont universitaires. Et il y en a beaucoup, sauf qu´ils sont comme invisibles. Et il faut parler des succès! Il faut les mettre plus en avant que les ratés et les incompréhensions.

Je cherchais sur l´internet slovaque des infos sur Kesaj Tchave à Paris, mais je n´ai trouvée qu´une petite info comique, dans la quelle il était écrit que le groupe allait se produire dans l´Olympia grecque (!). Cela m´a fait sourire.

De ce documentaire sur Arte, je n´en ai vue qu´un extrait, mais j´ai eue la chair de poule, parce qu´il y avait tout: la beauté, la passion, les couleurs, la tristesse, la nostalgie, la débrouille, du jeu, de la fierté et de la misère. Il y avait du rom, du slovaque, et grâce à Ivan Akimov, qui a de forts liens avec le milieu culturel français, il y avait aussi quelque chose de français.

Pour le groupe de Kezmarok, mais aussi pour nous, les Slovaques en général, cela voulait dire un saut en avant, par exemple parmi les groupes musicaux dont on parle. Et grâce au reportage que j´ai vu, on saura à l´étranger, que nous avons en Slovaquie aussi des gens qui ne veulent pas construire des murs et des murailles autour des localités roms, mais qui, au contraire, les „démolissent“. Ils savent bien, que l´homme n´utilise pas ses mains uniquement pour donner des claques et pour menacer, mais aussi, pourquoi pas, pour tendre la main à l´autre. Les contacts et les interférences des cultures, c´est ce qu´il y a de plus intéressant. 

Pravda

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