Amélie

 
 
 
Beau festival, de longue tradition. Bonnes conditions d´accueil, hébergement, restauration, tout est ok. Un petit bémol du côté de l´organisation des défilés. Beaucoup trop longs, épuisants, les groupes finissent par abandonner les uns apres les autres. Nous, on continue. En cours de route mes sandales lachent, je continue pieds nus, jusqu´a ce que Helena me lance une paire d´espadrilles achetées vite fait dans une boutique sur le chemin. 
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Le soir nous sommes arrivés à Amélie-les-Bains, dans les Pyrenées Orientales. Un festival qui, je ne sais pas pourquoi, n´avait pas la meilleure réputation, mais notre accueil fut très correct, cordial, et l´hébergement dans des gros bungalows tout neufs, très bien situés, pas loin du réfectoire, en même temps un peu à l´écart pour être tranquilles, était des meilleurs que nous avons jamais eus. Dans les environs une petite rivière offrait tout ce qu´il fallait pour se rafraîchir tranquillement, un rêve. Nous avions avec nous Nico, notre accompagnateur pour la tournée, qui s´occupait de tout ce qui touchait à l´organisation, et de nouveau, notre séjour prenait des allures de club med pour touristes en goguette. Les productions étaient bien réparties, à part les défilés un peu contraignants, il n´y avait pas de surcharge de spectacles, on pouvait considérer ce séjour comme une partie de plaisir. Nous découvrons aussi les autre groupes, le Brésil, La Catalagne, les Batoucados, la Colombie... et les Biélorusses.

Nous avons déjà eu affaire à des Bielorusses à Issoire, là, c´est une autre troupe, mais nous constatons qu´ils sont tous les mêmes. Très distants, hautains, ne parlant à personne, même pas un petit bonjour. Cela déconcerte, surprend, déçoit même, on est tous là pour faire connaissance, pour se découvrir, partager, pas pour se faire la tête. Mais ils sont comme ça. Et en plus, ils sont nos voisins. Ils passent tous les jours devant nos bungalows, mais pas question de fléchir, pas bonjour, ni sourire. Heureusement que chaque fois il y en a au moins un qui est plus bavard que les autres, alors on peut communiquer ensemble, se raconter plein de choses sur le bon temps d´antan, l´Union soviétique, que tous regrettent. Et justement, c´est ce qui explique leur comportement étrange, ils sont encore élevés à l´ancienne, à la goulag, ça ne rigole pas, pas de camaraderie inutile. Ils sont là pour représenter leur pays, leur grande culture, leur école de danse, la meilleure au monde. Alors, bien sûr, ça la fout mal, lorsque des tsiganes sortis d´on ne sait où, qui font n´importe quoi sur scène, ils braillent, se marrent même, rigolent, disent tous bonjour, sont incapables de faire deux pas de danse cohérents, à savoir deux pas pareils, eh bien ces tsiganes emportent un succès fou, dû sans doute à folie de ces Français, tout aussi dingues qu´eux. Mais vers la fin de séjour, manifestement en manque de tabac, certains abordent nos jeunes, pour qu´ils aillent demander une clope à Helena pour eux. Ils n´osent pas venir directement, le regard noir de ma tendre épouse ressemble trop à celui de Staline et Lénine réunis, ils préfèrent envoyer les mômes à l´abordage. Ils font comme les tsiganes, ils magouillent. Mais Helena, magnanime, a de la compréhension pour tout ce qui touche à la nicotine, et leur octroie quelques cigarettes de sa réserve personnelle, tout en les scrutant de loin du haut de sa supériorité brahmanique qu´ils devinent tout aussi impitoyable que celle de leur Loukachenko chéri.

Le dernier dimanche nous assistons à une messe en plein air, officiée par un curé, ancien rocker, qui manie bien la guitare et prend un plaisir évident à nous voir à ses côtés, remplir la scène qui sert d´autel au monde entier ici présent, réunis par la grâce de Dieu et du folklore en ces lieux de rencontre et de la paix sur terre. Amen.


 

 

Amélie les Bains