Aven savore mai 2016

Vendredi Samedi et Dimanche: AVEN SAVORE (« Venez, tout le monde ! »)

Et ils sont venus !

Nous l’attendions depuis tellement de temps, nous le préparions de mois , et c’est arrivé!

Jeudi soir nous avons su que les Kesaj étaient partis en fin d’après midi, de Kezmarok, pour nous rejoindre, à 25 dans le bus.

Vendredi

Vendredi après midi alors qu’ils arrivaient de leur côté à Buno, nous avons organisé une dernière répétition de notre partie du spectacle, « Aven Savore », au quartier à la Rocade, à plus de 40… dont  13 enfants de 4 bidonvilles différents.

Vendredi soir, on rejoint les Kesaj , avec 35 personnes et là, après les retrouvailles, les présentations, les reprises de contact,  nous avons fait une répétition générale et pédagogique, sous la conduite d’Ivan quia  duré presque 2 heures.

Nous avons mesuré le chemin parcouru ; comment ces enfants avec lesquels nous travaillons parfois depuis des années, au plus près de leur vie et souvent dans la rue, sont devenues des enfants  capables de réaliser une telle performance. 

NOUS SOMMES FIERS ET IL Y A DE QUOI. Car ce n’est pas la réussite ‘une institution ou d’un prof: c’est la leur.

Tout au long du week end 14 Robinsons sont restés en résidence avec les KESAJ à  Buno. Une expérience qui a touché les limites du château: il a fallu sortir les tentes.

SAMEDI: FOLIE GENERALE

C’est tous les Robinsons qui se sont rendus pour passer toute la journée jusqu’à presque minuit , à la MJC d’IGNY qui avait la gentillesse de nous recevoir.

Tout le monde avait répondu présent depuis la MJC de Chilly, en passant par les hôtels, les camps, le quartier. Les Robinsons et les Kesaj représentaient à eux seuls plus de 70 personnes.

Nous avons commencé par un pique nique, puis les Kesaj avec nos Robinsons résidents sont arrivés et on a commencé réglages et filages.

Mais le plus souvent, le spectacle était déjà là dans le champ autour de la MJC: chants, danses spontanées et musique tout le temps.

En milieu d’après midi la compagnie TMT (Ta mère en tongue) , est venue nous rejoindre , avec un bus plein de leurs enfants , pour une rencontre fracassante. Leurs enfants avaient une énergie extraordinaire et ils ont pu intégrer notre spectacle avec une scène de « racisme anti tzigane » qui , dans les circonstances, a  pris une très grosse intensité dramatique.

Puis est enfin venu le temps de la représentation. Grosse ambiance et enfilage des costumes. On était prêts , c’était le moment.

La représentation était à la hauteur des préparations; Les murs de la MJC en tremblent encore… et ils en trembleront longtemps.

Olympia sur Orges

„Emportée par la foule...“, chantait Piaf à l´Olympia, bld, des Capucines, à Paris, il y a plus d´un demi-siècle de ça. A Olympia sur Orges, les 7 et 8 mai dernier, dans l´Essonne, la foule  des spectateurs et des artistes  portait et emportait tout sur son passage. Les idées reçues, les préjugés, les „c´est impossible“, „ce n´est pas comme ça qu´il faut faire“, passaient à la trappe, et tout devenait possible, réalisable,  même réunir et faire un spectacle vivant et dynamique avec près d´une centaine de gosses dans un espace équivalant par sa taille à quelques wagons de métro, ne posait pas de problème. Il y avait foule, une masse compacte, comme dans le métro aux heures de pointes, un condensé de l´humanité toute entière, et cette foule emportait tout sur son passage. Mieux qu´emporter, elle portait littéralement sur ses bras ce projet fantasmagorique et utopique, „Aven savore“ qu´étaient en train de réaliser ensemble les Intermèdes Robinson et les Kesaj Tchave.

Aven savore – Allons ensemble. Oui, une totale utopie par les temps qui courent.  Aller ensemble vers un mieux, une ouverture aux autres, une cohabitation, une paix... Non, on a trop rêvé à ces mirages, trop espéré que c´est possible et évident, que de vivre en harmonie ensemble. La réalité de tous les jours nous assomme avec ses infos implacables, identiques de par le monde entier, qui nous démontrent que c´est impossible, irréalisable. Le monde d´aujourd´hui est fait pour exploser, il faut que les gens s´entretuent, que la terre sombre, coule à jamais.

Aven savore. Allons ensemble, en rom, en langue romani, tsigane. Bonjour les dégâts! Les Tsiganes qui vont nous montrer comment faire. Oui, ceux qui sont dans les bidonvilles, dans les camps, dans le métro, sous le périf. Et en plus, il y avait des africains, des migrants, des robeux, des cités, des banlieues... Il y avait foule. Et l´utopie  est devenue réalité, toute simple, banale, portée par une masse compacte de gens, qui n´avaient d´autre ambition, que de passer un bon moment ensemble. Peu importe qu´ils soient rom, africains, slaves, français, ou autres étiquettes futiles et sans importance dans le contexte de l´événement en cours. Pari réussi. Point à la ligne.

Il y a un an, nous avons déjà amorcé une pareille expérience dans la MJC de Chilly-Mazarin. Jour, pour jour, le 9 mai 2015. Depuis, la MJC a été détruite, rasée. Comme à Palmyre. La comparaison et osée? Pas tant que ça. Si on rase la culture, ce n´est que pour que mieux repoussent les barbes de l´ignorance. Et là, c´est pareil, à Chilly ou à Palmyre. Bravo, Messieurs les démolisseurs. Du bon boulot. Que des ruines.

Alors, que faire? Aven savore! Y aller ensemble, se retrousser les manches et bosser. La culture est un excellent outil pour nettoyer toute cette... merde! Excusez-moi ce mot cru de la langue française, mais je ne trouve pas d´autre expression pour désigner ce qu´il y à faire pour apporter un peu de propre dans notre paysage, dans nos consciences. Heureusement, que pour cela, malgré les apparences, il y a foule. Pas une foule en délire. Au contraire, des gens censés, conscients, engagés, sans préjugés. Prêts à y aller. Comme les 7 et 8 mai dernier, à Igny et à Savigny. A l´Olympia sur Orge.

Merci à Yepce, Intermèdes, Lire c´est partir, La Banque alimentaire et au CCFD d´avoir soutenu l´action.

Merci aux MJC d´Igny et de Savigny sur Orge, de nous avoir accueilli pour notre spectacle-projet Aven savore, réalisé avec les jeunes et les enfants des camps et bidonvilles roms de France et de Slovaquie, des jeunes des cités et des banlieues et des migrants d´Afrique.  

 

PARTENARIAT KESAJ TCHAVE – INTERMEDES ROBINSON

 

Les Intermèdes Robinson nous permettent en premier lieu d´approcher les populations avec les quelles nous développons nos activités lorsque nous venons en France :  les enfants et les jeunes roms des Balkans, vivant sur le territoire français, dans les camps et bidonvilles, les migrants et les jeunes des cités. Nous n´avons plus à faire le tour des campements, comme auparavant, les Intermèdes étant très présents sur les terrains et dans les banlieues, nous assurent un contact direct, ainsi qu´un suivi, puisqu´ils oeuvrent auprès de ces populations au gré de leurs expulsions et errances. Ainsi, nous pouvons plus facilement entreprendre des actions dans le temps et dans la durée.

Par la voix de Laurent Ott, savant reconnu dans le domaine de la pédagogie sociale, les Intermèdes Robinson  développent  une analyse et réflexion universitaire propre et  sont pour nous un précieux référent en ce qui concerne nos activités. Cela nous permet de mieux situer notre démarche au niveau de l´aspect pédagogique de notre action, puisque notre point de départ est avant tout le monde du spectacle, et les activités artistiques. Le contact avec les Intermèdes Robinson nous donne des ouvertures sur la pédagogie actuelle, en pleine évolution, se voulant relever les défis d´aujourd´hui. Nous nous retrouvons parfaitement aussi sur ce terrain, puisque depuis cinq ans nous gérons un lycée privé rom en Slovaquie.

Enfin, nous nous rejoignons avec les Intermèdes Robinson aussi sur le plan humain. Agir et intervenir au jour-le-jour dans la problématique de l´exclusion sociale, concrètement avec les populations en marge, roms en l´occurence, nécessite une maturité et expérience humaine, qui ne s´aquiert qu´au fil des années, sur le terrain. Avec Laurent Ott, et son équipe, nous nous entendons parfaitement sur ce plan, et de ce fait nous pouvons entrevoir des actions dans le temps et construire ensemble des projets plus consistants, répondant aux besoins des populations concernées. Comme c´est le cas avec le projet Aven savore, qui a permis un échange fructueux de nos bonnes pratiques, avec l´intervention de quatre de nos jeunes auprès des Intermedes Robinson en 2016, durant 6 mois.

 

Aven savore mai 2016 photos Claude et Marie-Jo Carret