www.kesaj.eu/fr/projekt/kesaj/priatelia-a-partneri/intermedes/aven-savore/

 
 
 
 
 
 

L’association Intermèdes Robinson réunit tous ceux qui à un degré ou un autre s’intéressent et s’investissent dans notre action de développement social éducatif. Cette action, dénommée “Cultures Robinson” se propose de réinvestir pour des activités de convivialité, sociales et éducatives, les espaces délaissés de la ville : espaces publics interstitiels entre bâtiments d'une part et friches péri-urbaines, d'autre part. Cette action est implantée dans le quartier sur de Longjumeau et sa périphérie.

 

 

 

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En Slovaquie tout le monde croit que pire que chez nous, c´est impossible... et qu´à l´Ouest, en France notamment, tout va bien, les gens n´ont pas de raison de se plaindre, avec leurs gros salaires...

A chacun son point de vue... Pour nous, c´est kif-kif, partout pareil. Du moins là, d´où viennent les jeunes de Kesaj. C´est sans doute pour cela, que ce n´était qu´une question de temps, que l´on se retrouve avec les Intermèdes – Culture Robinson. Les cités, l´immigration, les Roms... des territoires de l´extrême – du manque extrême de l´éducation, de communication sociale, de l´interculturel et  de l´ouverture. Il n´y a rien. L´association Intermèdes est présente en ces lieux depuis des années. Sans soutien des institutions, ou plutôt, plus d´une fois avec une volonté destructrice de la part de ceux, qui devraient aider à construire...

Ça fait plus d´un an que l´on se connaît, on a réussi à faire pas mal de choses ensemble depuis. Le projet de service civique se passe plutôt bien. Il n´y a pas de raison, puisque c´est partout pareil... 

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Mon ombre tzigane

Rien n’est plus mystérieux, plus difficile à comprendre que l’antitiziganisme. Voilà un racisme qui ne se base sur aucune croyance, aucune religion. Voilà une haine qui ne repose sur aucun désir de revanche, aucune humiliation subie, aucun reste de défaite cuisante.

Il s’agit d’un peuple qui n’a même jamais fait la guerre.

Et pour irrationnelle qu’elle soit, quelle haine tenace , quel désir de destruction , quelle détestation aussi spontanée que répandue ne croise – t on pas constamment?

Voici que sans crier gare vous entendez dans la bouche de votre voisine des propos venimeux. Telle personne au sourire angélique et au caractère doux se met à prononcer des paroles assassines. c’est qu’on se lâche, c’est qu’on se perd…

Comment comprendre une telle fixation irraisonnée, si on n’admet pas ceci: le tzigane n’est pas détesté pour ce qu’il est mais pour ce qu’il révèle de nous; il n’est pas haï par ce qu’il nous montre, mais par ce qu’on ne veut pas voir à travers lui.

Le tzigane nous apprend aujourd’hui des vérités insoutenables non pas sur lui même ou sa propre histoire , mais sur la nôtre.

Nous n’avons rien construit.

A travers son expérience, nous expérimentons l’illusion de nos institutions fières et dominantes.

qu’est ce que cette belle école qui se pare de tant d’affirmations: républicaine, laïque, différenciées et même de … la réussite?Alors que nous voyons à travers l’expérience de l’enfant tzigane que c’ets en fait uen école del l’exclusion, de la sélection et de l’indiffférence.

Qu’est ce que ce beau système de protection de l’enfance , de préoccupation pour son bien être de l’affirmation perpétuelle et en tout lieu de la supériorité de son intérêt? On entend tant de choses; l’enfant au centre du système, l’enfant protégé de tout, l’enfant idéalisé et chéri des passions publiques et institutionnelles !

Pendant ce temps, l’enfant tzigane, lui nous montre une toute autre réalité. la cécité de nos services, l’incohérence de nos suivis , l’impuissance de nos moyens et de nos méthodes. Le désintérêt au fond et le découragement qui progresse chez les acteurs eux mêmes d’un système auquel ils ne croient plus.

Non nous n’avons rien bâti , ni des hôpitaux accueillants qui laissent dépérir et sans soin l’étranger malade, ni des écoles imposantes  que les enfants fuient et qui les rejettent.

Que dire aussi de notre démocratie qui s’accomode si bien du silence imposé à des millions de personnes, du déni politique de fractions de plus en plus grande de la population. Que dire d’une démocratie qui sait déjà où elle va, et qui décide qu’elle n’en a cure de ce que pensent font et vivent les gens?

Que dire d’une démocratie qui se passe du peuple?

Et grâce au tzigane, avec effroi, ou étonnement, nous voyons ainsi l’ombre de notre société, l’ombre de notre système.  Et d’un coup, la Ville devient ruine et les institutions deviennent déserts.

Tzigane, mon frère, on comprend que tu sois tant haï  Tu ne nous dis rien de toi, tu nous dis trop de nous mêmes.

Tziganes , nous vous aimons cependant , car sur les ruines vous dansez . Par vous viendra peut être l’énergie de reconstruire un jour. Par vous reviendra peut être le désir d’être et de vivre ensemble , à nouveau.

Publié le

Laurent Ott, 16 mai 2016
 
 

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Pédagogie sociale développement communautaire

Un site utilisant Réseau Recherche-action

Il n’est de véritable culture que ce qui transforme notre nature

En pédagogie sociale , la culture est toujours moins importante que la civilisation. La culture divise, la culture distingue; une vision capitaliste et bancaire de la culture classe les uns et les autres dans des ordres et des hiérarchies invisibles.

Toujours, dans nos pratiques,  nous commençons par faire lien, par faire groupe. « Le plus important est de créer d’abord le collectif » dit Ivan Akimov, parlant de la troupe de danse des enfants tziganes. Tout le reste y compris la technique, le répertoire , l’habileté et la qualité , en découleront.

En Pédagogie sociale, c’est cette règle que l’on retrouve toujours en premier: d’abord créer le collectif, le groupe, la communauté . La culture viendra ensuite.

En pédagogie sociale donc, on vise davantage le progrès de la civilisation que celui de la culture. La civilisation rapproche, tient les humains entre eux. Elle construit la vie en société.  Elle est ce qui manque , ce qui s’érode, et ce qui est perpétuellement  attaqué aujourd’hui.

Mais sur ce chemin, nous rencontrons bien évidemment et tout de même la question de la culture. Elle est d’abord la question de la culture qui manque, celle qui nous serait commune et que nous avons à créer , à bâtir , à imaginer aussi pour notre ensemble.

Elle est aussi la culture dont on a été privé, qu’on nous a retirée , volée, ou qui a été occultée. C’est celle des langues perdues que l’on retrouve, comme la langue tzigane chez certains enfants. Elle est la langue interdite, minorée.

Toujours nous constatons la dérive des personnes set des groupes qui ont été acculturés.

Pour cette raison, nous valorisons les cultures décriées, les langues non écrites. Elles sont utiles à tous car elles nous invitent à revaloriser nos propres souvenirs et nos pertes.

En Pédagogie sociale, la culture qui nous intéresse estla culture qui dérange; celle qui nous bouscule, celle qui nous oblige à penser autrement.

Ce qui compte ce n’est pas juste d’agrémenter et d’embellir la vie; ce qui compte ce n’est pas une culture rafraichissante, relaxante ou de repos. ce qui compte c’est une culture qui change la nature: la nature des choses, les relations que nous avons, notre vision de l’existence.

Cette culture que l’on cultive à plusieurs,  n’est ni une culture consolatrice, ni de distraction. Elle n’est ni une activité , ni une vie parallèle. Elle ne peut être qu’une source d’oeuvre positives, qu’un moyen de changer la vie.

C’est une culture sans école, sans musée, et sans institution. Une culture buissonnière à la manière d’un Freinet.

Laurent Ott 27.5.2016

 

La Vie est plus grande que l’institution

La Vie est plus grande que l’institution

Au fur et à mesure que les années passent, nous constatons que notre action éducative et sociale aussi précaires soit-elle, subsiste, se développe; au fur et à mesure que les années passent, nous voyons les institutions et les structures sociales se craqueler de partout , malgré les moyens considérables qu’elles continuent de monopoliser …

Progressivement nous constatons que  ceux qui sont désignés comme « usagers », « publics »,, « bénéficiaires » décrochent des structures censées les parquer et les orienter; sous l’effet d’une précarisation constante de la société, le sens même des normes s’estompe et que les modèles classiques d’intégration et de participation sociale et urbaine doivent se réinventer…

Progressivement, nous  mettons en évidence les effets du travail en Pédagogie sociale: effets souterrains dans un premier temps, mais qui impactent véritablement et durablement les parcours de vie,…

Progressivement,  nous voyons se matérialiser sous nos yeux des intuitions  qu’il y a quelques années encore on qualifierait « d’utopistes » comme le fait que nos pédagogues sociaux rroms et vivant en bidonvilles, encadrent et accompagnent des travailleurs sociaux en formation, que ce sont les enfants eux mêmes sur nos ateliers qui sont garants de la continuité de nos démarches et de notre identité collective, ..

Alors résonnent autrement en nous les positions incroyablement avant gardistes d’un Freinet qui pouvait déclarer  en 1946:

« Lire, écrire, compter deviennent des acquisitions mineures. Non pas que les hommes n’aient plus à savoir lire, écrire, compter, mais l’École n’aura pas même commencé sa tâche si elle s’en est tenue à ces acquisitions : la vie aujourd’hui apprend bien plus vite et bien plus sûrement à maîtriser les disciplines et on se demandera un jour prochain pour quoi l’École est encore tellement hypnotisée par ces acquisitions, qui ne sont plus des acquisitions-clés. »

Et nous l’exprimons autrement aujourd’hui:

Ce sont  les acquisitions sociales  qui sont aujourd’hui essentielles. Elles sont les compétences urgentes et fondamentales dont notre époque a besoin et c’est ce dont il s’agit dans toutes les actions que nous mettons en oeuvre.

Simplement apprendre à se connaître, à se comprendre et à s’aimer assez pour vivre ensemble , dans les deux sens de la proposition « se« : entre tous, et en soi même.

Nous avons besoin d’une éducation à la politique , à la  sensibilité et à l’action collective. Et c’est  ce dont il s’agit tous les jours dans nos spectacles, sur nos ateliers, dans la simple performance d’être ensemble, un collectif aussi improbable,  dans un environnement pourtant hostile.

« Vous êtes utopistes », entend t on assez souvent dire , en guise de critique lors des nombreux exposés dans les centres de formation, ou auprès des professionnels.  « Utopistes », certainement pas, tellement le travail éducatif et social inconditionnel que nous prônons est le seul à pouvoir s’adapter aux formes nouvelles de la précarité et de la perte d’influence des institutions.

Ce ne sont certainement pas le réalisme et la réalité qui constituent des obstacles à notre travail et à notre entreprise. Au contraire, la réalité les commandent et les rendent indispensable.

Non ce qui s’oppose à la valorisation et à la reconnaissance de nos pratiques, c’est bien plutôt, l’idéologie, cette petite voix envahissante et colonisatrice qui nous fait dire à tout propos « que ce n’est pas possible », « qu’on n’a pas le droit », « qu’on ne peut pas », qu’il convient d’avoir peur, de se protéger , de se retirer, de s’enfermer, de renoncer à ses libertés….

C’est l’idéologie qui empêche les pratiques sociales de se réinventer et de faire éclore de nouveaux horizons. C’est l’idéologie qui use et désespère les professionnels; c’est l’idéologie qui rejette les publics et les groupes désignés comme « usagers » dans la marge et la désespérance.

C’est l’idéologie qui décourage toute action, d’entreprendre . C’est l’idéologie qui réclame et qui exige l’obéissance, la soumission , et une loyauté imposée vis à vis des institutions et de leur morale en faillite.

C’est l’idéologie qui affirme que rien d’autre n’est possible qu’elle même et qui pousse aux désespérances les plus banales (dépression sociale) ou les plus spectaculaires (martyr) .

En Pédagogie sociale, nous affirmons que les chose sont possibles puisque nous les faisons déjà; nous démontrons que la seule position réaliste consiste à remettre en question tout ce qui nous paraissait tellement évident que nous ne savons plus rien faire quand ça ne marche pas:  l’éducation punitive par la répression, le culte de la morale des repères et des cadres à tenir ou reconstruire coûte que coûte, la contractualisation qui ne passe pas par la confiance préalable, l’idéologie du projet qui inhibe toute passion, etc…

A toutes ses morales tristes nous répliquons par « l’invariant N°30 », de Freinet:

« Il y a un invariant aussi qui justifie tous nos tâtonnements et authentifie notre action: c’est l’optimiste espoir en la vie. »

 

Des fêtes contre les défaites

Que faire contre la violence sociale, les discriminations? Que faire contre les difficultés qui s’accumulent? Comment agir , trouver les moyens de bouger et de se mobiliser quand tout indique que l’avenir est bouché?  Ce questionnement est bien entendu celui du précaire, des personnes et des groupes en difficulté.

Il est devenu aussi logiquement, mais plus récemment encore celui de acteurs sociaux, des éducateurs, des enseignants.

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Il y a  comme une défaite permanente qui s’abat sur les choses et les gens. En tant que professionnels , nous avons à nous inspirer de ceux qui vivent ces situations depuis toujours.

Et c’est là que nous rencontrons une véritable pédagogie de la fête; la fête est immédiate , elle guérit ainsi des lendemains qui manquent. Elle n’a pas besoin de projet et ainsi elle  n’est pas en danger de ne pas se réaliser. Elle est inconditionnelle et ainsi elle échappe aux restrictions, aux sélections et aux limitations.

La fête est aussi un temps suspendu où on échappe à tout jugement. Celui qui fait la fête, qu’on le supporte ou qu’on ne le supporte pas est forcément légitime. Il inverse provisoirement tous les rapports de domination. La fête suspend pour un temps, une seconde, une minute nos asservissements.

Le temps de la fête est un temps libéré, un temps de possibles; c’est aussi un temps partagé, un temps de collectif, dans un monde qui s’enferme dans des individus-prisons.

La fête estompe les barrières, les différences, les faux clivages; pour un temps , elle ouvre la possibilité dans son environnement même, de faire communauté. En soi, la fête est une invitation à se répandre, à s’étendre, à se regrouper.

Tout groupe opprimé, toute minorité, en tout temps, a trouvé ses revanches, ses compensations, mais aussi sa culture et ses références dans le type de fêtes auxquelles elle s’emploie.

La pédagogie des Kesaj, celle que nous mettons en oeuvre, l’esprit tzigane qui nous anime est de cette nature. Une fête immédiate, permanente , renouvelée qui donne le rythme aux journées.

Les défaites sociales impliquent des fêtes sociales. C’est ce type de fêtes que la pédagogie sociale s’emploie à créer et à répandre commun outil pédagogique et émancipateur.

 Il ne s’agit pas de fêtes culturelles, familiales, rituelles ou obligatoires. Il ne s’agit pas de fêtes de consolation, d’initiation et de promotion des personnes. Il s’agit au contraire de mettre en oeuvre des fêtes qui ne sont pas évidentes, qui ne sont pas entre nous et qui ne se déroulent pas chez nous.

Dans nos ateliers, le jardinage est une fête ; cela ne veut pas dire qu’il est un jeu. Cela signifie qu’il est aussi et surtout un temps de convivialité autour de la notion de travail et de production. Il en est de même pour nos ateliers permanents de cuisine, qui se déroulent dans cette même ambiance. Il en est ainsi lors de la préparation et l’entretien de notre matériel. Tout est occasion de fête.

La fête est probablement une forme de civilisation de la guerre. La fête met en scène des mêmes composants: agitation, bruit, parade, fureur et énergie; mais elle transforme immédiatement cet état de guerre en son opposé : en permettant contacts, rencontres et construction d’un expérience et peut être d’une identité commune.

La plupart des projets et intentions de développement de la participation des usagers, des groupes, des individus, comme ceux qui visent aussi le développement de la citoyenneté ou de l’implication, font souvent l’impasse sur la question la plus essentielle: celle de l’énergie.

Nous le savons en Pédagogie sociale: ce n’est pas le pouvoir d’agir qui manque le plus souvent et encore moins les compétences. ce qui manque c’est l’énergiepour le faire et le vouloir.

La pédagogie de la fête que nous mettons en oeuvre, et que nous développons de façon répétitive et permanente assure essentiellement cette fonction de production d’énergie sociale, là où elle manque, dans les lieux où elle est le plus rare.

Bien entendu nous parlons ici de véritables fêtes , pas de simulacres à visée « conviviale », bien pensante, avec des libellés et intentions de bon aloi : citoyenneté,  diversité culturelle, etc. Ces fausses fêtes dissimulent en général assez mal l’ordre auquel elles s’emploient : favoriser le clientélisme de certains , affirmer le pouvoir et la préséance d’autres, occuper le vide social et culturel.

Les vraies fêtes sont d’une autre nature: plus volontiers désordonnées, anarchiques,en un mot, tziganes; elles laissent libre cours à l’imprévu et même au meilleur.  Elles sont perméables à la vie.

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Agir sans garantie dans un monde d’inquiétude

Rendre compte du dérisoire

Nous nous interrogeons souvent su la nature fragile du travail que nous proposons en pédagogie sociale; où sont les salles bien équipées, les structure pimpantes, les locaux dédiés? Où sont surtout les guichets, les bulletins d’inscription qui rassurent le visiteur , l’utilisateur, le consommateur sur ce qu’il vient chercher?

Où est le paiement, l’adhésion, l’engagement du public qui nous rassurerait tellement sur la valeur de ce que nous faisons?

Nous, nous n’avons pas de public dans ce sens là: billetterie et réservation. Nous n’avons que le peuple.

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La réalité « perdue de vue ».

Une personne récemment nous demandait pourquoi nous avions mis là « sur nos tapis », tous ces enfants que nous rencontrons lors des ateliers de rue.

Pour lui , il était évident que cela ne pouvait découler que d’un plan, d’un montage, d’un trucage peut être. Il ne pouvait pas imaginer que nos photos d’atelier rendent compte d’autre chose que d’un artifice, d’une disposition, d’une mis en scène. Il lui paraissait impossible que tous ces enfants puissent nous apprendre quelque chose sur notre environnement.

Nous sommes tellement habitués à l’artifice , à la mise en scène ,que la réalité , quand nous la rencontrons,… nous ne la reconnaissons pas.

Le problème avec les mise en scène institutionnelles, éducatives, scolaires, est que , quand « elles se cassent la figure », (ou lorsque les institutions sont liquidées, fermées, vendues « à la découpe »), plus rien ne repousse à côté.

Les 4 renoncements

Comment saurions nous créer une quelconque activité qui ne serait pas déjà portée par la structure? Comment susciter, tisser , construire patiemment une autorité qui ne serait pas déjà garantie par l’Etat?

Nous avons perdu foi dans nos capacités, de créer, d’entrer en relation, de construire et de produire.  Nous avons été convaincus d’inutilité, d’inactivité, d’impossibilité de faire et d’agir.

1/ Il y a d’abord ceux qui sont persuadés qu’ils ne peuvent rien faire seul.  Il s’épuisent à attendre des feux verts improbables. Il posent la mobilisation des autres comme condition de la leur. Ils accumulent tellement d’objection apriori à leur mise en mouvement, que celle-ci est plus qu’improbable.

Ceux là ignorent que la véritable autorité vient de ceux qui tentent.

2/ Il y a ensuite ceux qui ne peuvent pas agir sans assurance de pérennité; on ne va rien tenter si on n’est pas sûrs de pouvoir poursuivre, de continuer . A quoi bon créer maintenant ce qui viendra à manquer plus tard? Pourquoi donner à vivre des moments d’exception à des personnes qui retomberont dans leur misère? Pourquoi faire vivre un moment de démocratie à ceux qui subiront de nouveau dès demain des institutions pénalisantes? A quoi bon faire exception , si personne ne change la règle?

Ceux là ignorent que les règles ne sont là que pour rendre compte du progrès des exceptions.

3/ Sur le même mode, plus spatial, il y a  ceux qui ne croient pas au « local ». Pour eux , une véritable action se pilote depuis le « global », le « général », sinon elle n’a pas d’envergure. la possibilité de créer ici et maintenant des situations différentes, des actions innovantes, ne leur apparaît que comme un enfermement, un enterrement de seconde classe.

Ceux là ignorent que l’influence vient du proche, pas du lointain

4/ Et bien entendu, les plus nombreux: il y a  tous ceux qui ne peuvent pas agir si les moyens et le conditions préalables et nécessaires à leur action ne sont pas réunies. Autant dire que cela ne risque pas d’arriver avant très longtemps.

Ceux là ignorent que les moyens viennent en faisant.

Tous, surtout,  manquent cruellement de foi dans leur propre pouvoir de faire et d’inventer, autant que dans celui des autres.

Ce qu’il y a  malgré tout de positif dans les périodes de destruction, de désinstitutionnalisation, de « haine du social » et d’abandon politique , économique et structurel, c’est que nous devons nous poser la question de notre propre foi; de notre capacité à entreprendre ; de nos propres forces ; du pouvoir de nous mêmes.

Illusion d’agir

Dans toute cette difficulté à agir, impossibilité à créer , nous assistons à des scènes dérisoires où des structures sur-dotées se mettent à rêver d’actions minimales et ridicules pour tenter de retrouver la vie qui leur fait défaut. Ici on tente de faire un potager dans de misérables petits bacs. Là on ajoute une ou deux activités sociales pour « trois pèlerins »,  dans l’espoir de donner une « teinte sociale » à tout ce qui entoure.

Ailleurs , on adopte un pseudo discours de radicalité ; on n’a à la bouche que des mots comme « résistance », « vigilance », « citoyenneté », pour camoufler les fonctionnements institutionnels les plus traditionnels et archaïques. Et quand viendra le moment où il faudrait se battre pour de vrai, juste pour survivre… il n’y aura personne.

Abdications

Je ne connais rien de plus triste que ceux qui renoncent au plus simple: à une rencontre, à un sourire, à leur propre pouvoir de créer.

Je ne connais rien de plus déprimant que  l’habitude d’abdiquer face à sa propre capacité d’initier. On imagine, on se laisse porter un instant; on se met à rêver de changement, d’initiative. On « pourrait presque » … Et déjà , avant même d’avoir essayé, d’avoir tenté quoi que ce soit, sous couvert d’un pseudo réalisme commode, on démissionne d’être un homme.

Enfant déjà, j’étais sidéré par l’immobilité des adultes. Je les voyais comme des géants immobiles, des créateurs stériles, des colosses impuissants.

Peut être que tout cela était moins grave à une époque où on pouvait croire au progrès social, institutionnel, éducatif. Peut être était-ce moins grave à une époque où il y avait de l’avenir.

Aujourd’hui, nous n’avons plus les moyens de l’impuissance; nous n’avons plus d’avenir pour remettre à demain; plus d’ailleurs pour bâtir des institutions idéales. Nous devons transformer nos terrains vagues en espaces vivants; nous devons habiter nos recoins, revisiter nos réduits, ré-estimer l’ici et le maintenant.

Plus loin que la confiance

Ce n’est pas de confiance en nous mêmes dont nous avons besoin, mais de foi pour agir. Nous ne nous mettrons pas en mouvement parce qu’on aura valorisé nos « compétences » , parce qu’on nous aura convaincu de notre importance , ou parce que nos nous sentirons « reconnus ».

Pour nous mettre en mouvement, pour créer , il faut autre chose; la capacité de donner , se donner, d’abandonner le besoin d’être rassurés sur l’issue de nos actes.  Il faut savoir se lancer, il faut de l’élan, de la vie.

Où sont ils dans nos institutions, dans nos structures?

A Intermèdes Robinson, nous avons appris des précaires, la capacité de reconstruire ce qui a été détruit, le pouvoir d’habiter un moment, un temps sans garantie du lendemain; le pouvoir de saisir l’occasion ou la rencontre qui se présente.

Dans un monde d’inquiétude, nous savons que la véritable sécurité provient de notre  possibilité de créer … sans garantie.

Cette semaine: Bienvenue à Dominik des Kesaj Tchave

Dominik (dit Domino) est arrivé cette semaine pour travailler au projet « Curcubeo » (les Kesaj Robinsons) . Dominik est plongé dans la musique et la danse depuis qu’il est tout petit.

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Cette semaine , il est passé sur tous les terrains et au quartier. Nous l’avons présenté à tout le monde . La semaine prochaine: ça commence !

Samedi: 

Participation à la fête tzigane de Viry.   Nous avons envoyé nos deux Laura et Hélène pour aider la MJC de Viry à préparer leur fête tzigane.

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Les filles ont encadré la fabrication de plus de 250 Sarmalés … entre autres performances

Samedi et Jeudi : projet Curcubeo (arc en ciel, en Romanes) 

Jeudi (mi-janvier)

Ivan Akimov, est venu samedi pour lancer le projet de création d’un groupe de Robinsons danseurs et chanteurs.

Nous avons d’abord pris le temps de nous réunir avec nos amis musiciens , au local.

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Puis nous sommes allés présenter et envisager le projet sur site, à la fois au quartier et dans les bidonvilles de Chilly Gare et Champlan.

A chaque fois, discussions, rencontres avec les habitants , les enfants et adultes et c’est parti: démonstration de danse , par les uns et les autres.

A Chilly, nous avons été attirés par un magnifique arc en ciel. Le nom de notre groupe et projet est trouvé: Curcubeo.

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Samedi:   Autour d’Ivan , on a reformé un petit groupe Kesaj, avec Duchko, Jennika, Dominik et même Cassandra.

Après leur atelier à Chilly, le local s’est  transformé en lieu de fête et de musique …pour tous.

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Vendredi: Atelier de Champlan (fin février)

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Nombreux sont ceux qui nous attendent aujourd’hui à l’entrée du camps de champlan.  En effet les familles sont désormais habitués a nos ateliers de musiques et les attendent avec impatience. Rapidement la rumeur de notre arrivé se répand, et adultes, jeunes et enfants nous rejoignent sur la place centrale du bidonville, d’autant que nous comptons aujourd’hui sur la présence exceptionnelle du groupe de Kesaj slovaque menés par Ivan.

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Trés vite la musique commence et les danseurs se mettent en place. Aprés une première chanson, les danseurs saisissent sans se concerter les spectateurs par la mains et les entrainent dans une ronde autour des musiciens. L’excitation gagne la foule et petit à petit, c’est tout le camps qui s’agite au rythme de la musique, tentant de reproduire les mouvements des danseurs. Ionuts et Ronaldo, qui ont participé à la tournée des Kesaj l’année dernière sont à l’honneur et prennent part au chorégraphie de manière active. Les danseurs se place judicieusement aux sein de la foule pour que personne ne se sente à l’écart et ne reste immobile. Ils entrainent les plus réfractaire, aident les plus maladroits. Au centre des musiciens, Ivan rythme le tout, et l’oeil vigilant, donne sont heure de gloire à chacun des participant, leur offrant un solo, ou les mettant en avant à un moment clef d’une chanson.

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C’est une scène à la fois parfaitement orchestré et complètement improvisé qui se joue alors au centre du camps. C’est la vrai force des Kesaj, offrir leur énergie au public, et s’en nourrir en même temps. Le soleil couchant donne une touche presque irréel au tableau.

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Le temps file sans que l’on ne s’en rende compte, pris que l’on est dans cette énergie, et après avoir distribué le gouté, sans s’arrêter de chanter et de danser, nous repartons vers le camion.

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Olympia sur Orges

„Emportée par la foule...“, chantait Piaf à l´Olympia, bld, des Capucines, à Paris, il y a plus d´un demi-siècle de ça. A Olympia sur Orges, les 7 et 8 mai dernier, dans l´Essonne, la foule  des spectateurs et des artistes  portait et emportait tout sur son passage. Les idées reçues, les préjugés, les „c´est impossible“, „ce n´est pas comme ça qu´il faut faire“, passaient à la trappe, et tout devenait possible, réalisable,  même réunir et faire un spectacle vivant et dynamique avec près d´une centaine de gosses dans un espace équivalant par sa taille à quelques wagons de métro, ne posait pas de problème. Il y avait foule, une masse compacte, comme dans le métro aux heures de pointes, un condensé de l´humanité toute entière, et cette foule emportait tout sur son passage. Mieux qu´emporter, elle portait littéralement sur ses bras ce projet fantasmagorique et utopique, „Aven savore“ qu´étaient en train de réaliser ensemble les Intermèdes Robinson et les Kesaj Tchave.

Aven savore – Allons ensemble. Oui, une totale utopie par les temps qui courent.  Aller ensemble vers un mieux, une ouverture aux autres, une cohabitation, une paix... Non, on a trop rêvé à ces mirages, trop espéré que c´est possible et évident, que de vivre en harmonie ensemble. La réalité de tous les jours nous assomme avec ses infos implacables, identiques de par le monde entier, qui nous démontrent que c´est impossible, irréalisable. Le monde d´aujourd´hui est fait pour exploser, il faut que les gens s´entretuent, que la terre sombre, coule à jamais.

Aven savore. Allons ensemble, en rom, en langue romani, tsigane. Bonjour les dégâts! Les Tsiganes qui vont nous montrer comment faire. Oui, ceux qui sont dans les bidonvilles, dans les camps, dans le métro, sous le périf. Et en plus, il y avait des africains, des migrants, des robeux, des cités, des banlieues... Il y avait foule. Et l´utopie  est devenue réalité, toute simple, banale, portée par une masse compacte de gens, qui n´avaient d´autre ambition, que de passer un bon moment ensemble. Peu importe qu´ils soient rom, africains, slaves, français, ou autres étiquettes futiles et sans importance dans le contexte de l´événement en cours. Pari réussi. Point à la ligne.

Il y a un an, nous avons déjà amorcé une pareille expérience dans la MJC de Chilly-Mazarin. Jour, pour jour, le 9 mai 2015. Depuis, la MJC a été détruite, rasée. Comme à Palmyre. La comparaison et osée? Pas tant que ça. Si on rase la culture, ce n´est que pour que mieux repoussent les barbes de l´ignorance. Et là, c´est pareil, à Chilly ou à Palmyre. Bravo, Messieurs les démolisseurs. Du bon boulot. Que des ruines.

Alors, que faire? Aven savore! Y aller ensemble, se retrousser les manches et bosser. La culture est un excellent outil pour nettoyer toute cette... merde! Excusez-moi ce mot cru de la langue française, mais je ne trouve pas d´autre expression pour désigner ce qu´il y à faire pour apporter un peu de propre dans notre paysage, dans nos consciences. Heureusement, que pour cela, malgré les apparences, il y a foule. Pas une foule en délire. Au contraire, des gens censés, conscients, engagés, sans préjugés. Prêts à y aller. Comme les 7 et 8 mai dernier, à Igny et à Savigny. A l´Olympia sur Orge.

Merci à Yepce, Intermèdes, Lire c´est partir, La Banque alimentaire et au CCFD d´avoir soutenu l´action.

Merci aux MJC d´Igny et de Savigny sur Orge, de nous avoir accueilli pour notre spectacle-projet Aven savore, réalisé avec les jeunes et les enfants des camps et bidonvilles roms de France et de Slovaquie, des jeunes des cités et des banlieues et des migrants d´Afrique.  

plus de photos sur : 

https://www.kesaj.eu/projekt/kesaj/priatelia-a-partneri/intermedes-robinson/

Service civique Domino, Duško, Jenica, février 2016

Fotogaléria: Intermedes, 3 - 13 február 2016

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Fotogaléria: Intermedes mars 2016

Fotogaléria: Intermedes fin mars 2016

Fotogaléria: Intermedes début avril 2016

Aven savore máj