printemps 2012

 

Actuellement nous nous préparons pour la prochaine tournée de Pâques, et il faut bien le dire, nous retombons droit dans les pires pratiques de l´incertitude, de l´imprévu et du risque, comme dans les périodes les plus mouvementés de notre courte histoire. Après les succès de la saison passée je croyais que tout cela était révolu, que nous avons réussi à trouver une certaine assise matérielle et financière, mais il a suffit de se mettre en relation avec les institutions pour se retrouver de nouveau déstabilisé, dans le vide, sans savoir de quoi le lendemain sera fait. En début d´année, constatant que les temps sont décidément de plus en plus durs, les propositions de tournées, festivals, spectacles, qui les autres saisons ont déjà abondées à cette période, étant pratiquement absentes en ce début de 2012, nous ne perdrions rien à aller voir du côté de la Mairie de Montreuil pour voir s´ils ne seraient pas un peu mieux disposés envers nous, et ne seraient pas prêts à s´engager dans un projet commun. 

Mairie de Montreuil

 

Au vu des antécédents lors des actions que nous avons menés jusque là à Montreuil, il n´y avait guère beaucoup d´espoir que quelque chose de concret se profile, mais nous n´avions rien à perdre, alors, avec Colette de l´Écodrom, nous avons pris rdv avec le responsable à la culture. Et là, quelle surprise, sans avoir eu à faire preuve de stratagèmes ni étalage de talent de persuasion, notre vis-à-vis s´est tout suite déclaré prêt à nous suivre sur un projet de résidence avec des ateliers de danse et de chant auprès des jeunes des quartiers. Il a fallu vite déposer un projet, ce qui fut fait en espace de quelques jours, et nous étions assurés que nous pourrions enfin venir pour une fois pour une résidence en bonne et due forme, où nous serions pris en charge, et nous pourrions nous pleinement consacrer à nos activités, sans avoir à nous préoccuper  sans arrêt de trouver des spectacles à droite et à gauche afin de couvrir les frais de logistique. Formidable. Quelle bonne nouvelle! Le partenariat avec la Municipalité ne suffisant pas à lui seul à tout couvrir, il a fallu chercher encore d´autres occasions pour se produire, avant ou après le passage à Montreuil. Sur le chemin de l´aller s´offrait à nous une halte naturelle à Vienne, en Autriche, avec le concours de notre ami Jérôme Segal, qui s´est lancé avec une dynamique et efficacité propres à lui à nous organiser un spectacle dans les meilleures conditions. A cela s´ajoutait un passage par Genève, où nos partenaires de Mesemrom et Charitas se sont spontanément proposés de réitérer l´expérience de l´année dernière. Et pour conclure, une Journée Mondiale des Roms au Cirque Romanès le 8 avril, exactement pour le jour de la commémoration internationale. Nos partenaires se sont tous engagés sérieusement dans la préparation de leurs évènements respectifs, avec tout ce que cela comporte, réservations des lieux, pub, communication, etc., et rapidement tout était mis en place en amont et en aval de notre séjour à Montreuil. Le seul problème était que ce qui constituait le point de départ de toute cette action, sur la quelle tout devait reposer, s´est avéré absolument incertain et non confirmé. A la Mairie, il n´y avait toujours pas de partenaire défini qui aurait la charge et la responsabilité par rapports aux engagements vis-à-vis de nous, et plus le temps passait, plus nous commencions à nous inquiéter pour la  suite des évènements. Ne voyant rien se profiler, il aurait été le plus simple et logique de tout abandonner, ne pas s´exposer au risque de se retrouver à la rue durant une semaine avec tout le groupe. Mais tous nos autres partenaires ont déjà pris des engagements, se sont investis, ont remué ciel et terre afin que nous puissions venir, alors nous ne pouvons pas les laisser tomber, les trahir. Mais comment faire? Plus d´une fois nous-nous sommes retrouvés dans de semblables galères, devant faire face à des situations impossibles, causées par de tierces personnes, mais nous retombant en pleine figure, devant faire preuve d´ingéniosité touchante à la prestidigitation, pour s´en sortir. Alors nous prévoyons des solutions d´urgence, de catastrophe, tout en insistant auprès de la Municipalité, car nous ne disposons d´aucune réserve financière qui nous permettrait un peu d´autonomie. Le plus dur est de trouver un interlocuteur dans ces méandres administratives que constitue une institution telle que la Mairie d´une ville de la taille de Montreuil. 

Colette, avec des femmes roms roumaines au camp de la rue Pierre de Motreuil

 

Heureusement que l´Ecodrom est constitué d´une équipe de trois battantes habitués à ce genre de pugilat bureaucratique et qu’enfin, deux jours avant le départ, l’information que le projet est réellement soutenu, nous parvient. Même si ce n’est qu’à hauteur de la moitié des ressources qui étaient demandées (et qui étaient déjà plus que modestes...), sans savoir concrètement quand ces fonds seront libérés,  l’essentiel est de savoir que nous n’allons pas dans le vide, et qu’enfin, une collaboration effective avec la Municipalité de Montreuil se profile. Puisque nous ne savions pas comment les choses allaient tourner, nous avons pris des initiatives pour trouver des solutions de secours, et finalement en l’espace de très peu de temps un solide programme a été concocté. Donc, en principe, une sacrée semaine, pleine de spectacles et de rencontres nous attend... 

 

 

Juste avant le départ nous envoyons pour 4 jours 8 de nos ados participer à une rencontre de jeunes de l´Espace de Vysegrad (Tchéquie, Pologne, Hongrie, Slovaquie), qui a lieu à Olstyn, en Pologne. Nous ne les accompagnons pas, étant trop pris par l´école et les préparatifs de la tournée. Inquiets de les laisser tous seuls, mais en même temps confiants en leur expérience, nous sommes rassurés et heureux de constater que tout s´est très bien passé. Apparemment ils ont fait l´unanimité, ont parfaitement intégré le groupe, en ont été même le moteur, tant ils se sont investi avec une bonne volonté naturelle dans les activités collectives, que ce soit les exposés, les compétitions sportives, et bien entendu, les démonstrations artistiques.  Ce n´est qu´après que je comprends qu´il s´agit d´une part d´une association d´éducateurs œuvrant dans les orphelinats, donc les autres enfants proviennent pour la plupart de ce milieu, et nous savons maintenant que le contact avec nos jeunes leur est en général bénéfique. On peut dire d´une certaine façon que le groupe a des valeurs éducatives et même thérapiques... à condition que les partenaires soient ouverts et réceptifs. Mais, à ma grande stupéfaction, je découvre que le coordinateur principal de ce vaste projet international est une organisation rom de Budapest. Pourtant, je n´ai pas vu un seul Rom  dans leurs rangs jusque là... En tapotant sur le net sur le Fond du V4 je découvre que, effectivement, un peu à l´image des projets européens, le Fond propose une myriade de projets dans les quels il est possible de s´investir en vue d´une cohésion, connaissance et découverte des uns et des autres dans le cadre des pays du Vysegrad. Sur le coup je suis prêt à sauter sur l´occasion, me coller à l´ordinateur pour écrire, projeter, postuler,...puisqu´il semble que c´est assez ouvert, et que manifestement, les candidats ne se bousculent pas au portillon. Mais rapidement je me calme, c´est quand-même assez élaboré, tout en anglais, et il me faudrait un peu plus de disponibilité, dont ces temps-ci je ne dispose absolument pas. Mais c´est certainement une piste intéressante qu´il faudrait creuser dans l´avenir, et lorsque Sandor, le responsable du projet me propose de venir participer à la prochaine rencontre en Serbie dans 3 semaines, j´accepte. Cela fera une autre sortie pour nos jeunes et je pourrais ainsi moi-même constater sur place de quoi il est question. En espace de quelques jours deux autres propositions nous parviennent pour la Hongrie et de nouveau pour la Pologne. Nous verrons cela plus tard, après la Serbie.

activités au camps international de Tiszalok en Hongrie

www.kesaj.eu/projekt/kesaj/ako-pokracujeme-2016/destinacie/tiszalok/

 

Vienne

www.kesaj.eu/projekt/kesaj/ako-sme-pokracovali/vieden/

Entre temps nous sommes partis et même revenus de notre fameuse Tournée de Printemps. Comme je l´énonçait plus haut, elle s´est faite d´une manière presque impromptue, composant avec le manque des propositions en général, mais aussi avec des retours sur les lieux ou nous sommes déjà passés l´année dernière. Justement, dans ce climat de crise que nous ressentons à tous niveaux aussi dans la culture et le spectacle (toujours moins de subventions chez nos partenaires, plus une incertitude totale du fait de l´échéance des prochaines présidentielles), j´étais agréablement surpris de constater que presque tous nos partenaires de la tournée du printemps dernier nous ont spontanément contactés pour tenter de nouveau la même expérience cette année. Vu qu´à l´époque c´étaient nos premiers contacts, et que les actions que nous avons réalisées ensemble étaient toutes marquées par un manque d´expérience dans ce domaine de leur part, ils apprenaient en fait comment faire, et tout cela était certainement assez éprouvant pour eux ( pour nous aussi..), je ne m´attendais pas qu´ils reviennent aussi tôt vers nous pour remettre ça. Mais c´était comme ça, alors nous essayons de coller des dates, des possibilités, des opportunités, les unes aux autres, pour constituer, comme à l´habitude, une série d´évènements permettant d´assurer la continuité d´une présence sur les routes de France et de Navarre (Suisse et Autriche dans le cas présent) d´une trentaine de gamins qui constituent notre troupe. Les premiers à répondre à l´appel étaient Genève avec Mesemrom et Vienne avec Jérôme Segal. Les deux villes constituent un passage naturel lors de nos déplacements sur l´Ouest, et une halte y est facilement envisageable pour nous. 

A Vienne nous n´avons même pas besoin d´hébergement, nous dormirons dans le car, sur la route pour Genève, après le spectacle. Celui-ci est donc organisé de main de maitre par Jérôme et son épouse Caroline, qui ont déployés des efforts considérables pour que la soirée soit une réussite. Et cela en fut une. Le concert, placé sous l´égide de l´Ambassade de Slovaquie, a réuni un bon public, cosmopolite, dans la salle du Volksteater, dans de bonnes conditions techniques. C´était une excellente entrée en la matière pour un début de tournée pour nous. L´accueil chaleureux, mais aussi accompagné de compétences quasi professionnelles en l´organisation de spectacles de la part Jérôme nous ont fait démarrer notre longue route avec un large sourire. Une anecdote illustre parfaitement l´esprit de l´événement: En arrivant, lorsque nous prenions notre repas dans le réfectoire de l´école qui nous reçoit, nous sommes servis par une jeune serveuse, qui manifestement est d´origine tsigane. Nous apprenons qu´elle vient de Serbie. Sympathique, souriante, n´hésitant pas à échanger quelques mots avec nous en rom ou en serbe. Elle est accompagnée par sa fille d´une douzaine d´années, mais qui est beaucoup plus timide,  timorée, elle reste en arrière, manifestement ne voulant pas trop se mêler à nous. Caroline m´apprend que lorsqu´elle est allée la voir, en lui disant que nous allons venir, elle a eu comme un sursaut de recul, en disant qu´il ne faut surtout pas qu´on nous voit ensemble, il ne faut pas que ses copines de classe apprennent qu´elle est, elle aussi, Tsigane. Donc elle ne veut pas s´apparenter à nous d´aucune manière. Caroline est surprise, voir choquée, moi pas du tout. C´est une réaction tout ce qu´il y a de plus banal chez ceux qui ont réussi à se faire une place au sein de la majorité, qui ont réussi à être acceptés par les autres, les non-Roms. Bien sûr nous n´insistons pas, à part quelques sourires, nous ne développons aucune initiative en son encontre. Par contre, avant le spectacle je trouve un petit moment pour aller dire à sa maman que nous serions heureux de les voir au concert, qu´elle viennent, ne serait-ce que pour voir les costumes des filles... Et qu´elle fut ma surprise de les voir non seulement assister au spectacle, mais lors de la partie lorsque le public participe en dansant avec nous sur scène, la petite ne s´est pas fait prier, et fièrement, elle est venue danser avec nos garçons sur scène, devant tout le monde, sans se cacher, sans avoir honte de ce qu´elle est... Rien que pour cela, tous les efforts déployés en valaient la peine. Merci Jérôme et Caroline.

 

Concert des Kesaj Tchave à Vienne le 30 mars / Konzert am 30.03.2012!

 Hier unten auf Deutsch + Artikel in der Wiener Zeitung am 23.3.2012 (JPEG).

 Le 30 mars 2012 de 19h à 21h – Theatersaal, Längenfeldgasse 13-15, 1120 Wien (U4+U6 Längenfeldgasse) – Kesaj Tchave – Concert de soutien

Le 30 mars  le groupe Kesaj Tchave donnera une représentation exceptionnelle à Vienne. Ils chantent en partie en français, avec des décors parisiens, dans la grande salle de théâtre de la Längenfeldgasse. Leur spectacle débordant d’énergie est le résultat d’un projet né près de Kezmarok, au pied des Tatras, lorsque, en l’an 2000, le musicien Ivan Akimov et l’assistante sociale Helena Akimova ont eu l’idée de monter un groupe avec des enfants roms vivant dans les bidonvilles avoisinants. Aidés d’un musicien professionnel, les enfants et les jeunes trouvent par la scène une reconnaissance qui souvent leur manque dans leur quotidien. Le public découvre à la fois une image authentique de la culture rom et surtout de sa musique, influencée ici par la musique slovaque contemporaine. Depuis 2004 le groupe est invité dans de très nombreux festivals, surtout en France mais aussi en Suisse, en Pologne ou en Hongrie. Réfugié à Paris après le Printemps de Prague, Ivan Akimov y a vécu jusqu’à la fin des années 1980 ; c’est ce qui explique le lien privilégié que ce groupe entretient avec la France.

Le nom « Kesaj Tchave » vient d’un conte avec une fée Kesaj, selon laquelle pour recevoir de l’amour il faut d’abord être capable d’en donner. « Tchave » signifie « enfants », les « Kesaj Tchave » sont les enfants de cette fée.

Le concert de Vienne est un concert à entrée libre, les dons seront intégralement reversés au projet « Kesaj Tchave ».

Cette manifestation est organisée par la Volkshochschule de Meidling en collaboration avec l’Association culturelle des Roms autrichiens, le Club du Mardi, l’association Français du Monde-ADFE, l’Institut slovaque et l’association « Im.Ausland ».

Pour plus d’information, voir https://tinyurl.com/KesajTchave

 

Genève

www.kesaj.eu/projekt/kesaj/ako-sme-pokracovali/zeneva/

Tout de suite après le spectacle nous filons sur Genève, en économisant une nuit d´hôtel, puisque nous dormons dans le car durant le trajet. Le programme est plutôt chargé, dés notre arrivée nous faisons une petite intervention sur la place publique, dans une sorte de brocante, dans la quelle Mesemrom, Caritas et d´autres tiennent un stand avec du matériel pour sensibiliser le grand public et invitent les passants à signer une pétition pour l´abrogation de la loi contre la mendicité qui a été décrétée il n´y a pas longtemps par la municipalité de Genève. Vaste programme! Et surtout méritant, dans le contexte d´une opinion publique virulemment opposée à ces pratiques que les gens ressentent comme agressives et abusives. A vrai dire, nous non plus ne sommes pas unanimes sur ce sujet, et sommes plutôt critiques vis-à-vis des adultes qui n´hésitent pas à mettre souvent leurs propres enfants sur le bitume afin d´en retirer des bénéfices financiers. C´est pourquoi d´ailleurs nous avons organisés en 2009 une manifestation sur la place du Trocadéro „Une journée sans la Manche“, en faisant intervenir dans un spectacle improvisé les gosses mendiants pour montrer qu´eux aussi étaient capables d´autre chose que de tendre la main, et qu´en aucun cas un enfant ne doit être discriminé à cause de son origine ou de la situation sociale de ses parents. Tout de suite après le marché nous allons sur la plage, où un repas dans une buvette nous attend moyennant une petite prestation musicale. Ce qui fut fait le repas avalé, et nous pouvons enfin aller à l´hébergement pour nous poser quelques instants avant le spectacle du soir. 

Au fur et à mesure que la salle se remplit, il apparait que nos amis ne faisaient pas seulement dans la théorie, mais étaient aussi dans la pratique. En effet, le public était constitué pour une grande part de Roms migrants roumains, et il était évident qu´ils représentaient la majeure partie des mendiants de la ville. Ils étaient vraiment nombreux, les organisateurs avaient réussi le défi de les faire venir en masse, alors qu´en général cette  population est plutôt réticente à toute forme d´organisation... 

J´avais quelques appréhensions quand à la suite des événements, comment notre programme serait-il reçu, comment gérer tout ce petit monde, composé essentiellement d´adultes et de gens âgés. Il n´y avait pratiquement aucun enfant. Si cela avait été le cas, j’aurais été plus tranquille. Nous avons vraiment l´habitude de travailler avec les jeunes, avec eux on sait ou on va, mais avec ces adultes c´est beaucoup plus imprévisible, ils ne sont pas aussi accros à la musique, ou alors ils ne reconnaissent que leur style à eux, les Balkans et rien d´autre. Mais tout c´est très bien passé. Pas d´ébriété. Tout le monde a été très attentif durant tout le spectacle, manifestement il leur a plu, rien n´est venu troubler notre prestation qui a pourtant durée une bonne heure et demie. 

Tous sont restés encore après pour la suite qui a vite pris une forme de discothèque tsigane sur les rythmes du manélé que les Roumains ont réussi à passer dans les enceintes par leurs portables. Au contraire, l´ambiance était très festive, amicale, les Roms roumains ne voulaient pas être en reste et ils partaient dans des démonstrations de claquettes, rivalisant d´adresse dans une bonne ambiance avec les nôtres. 

Les mamies s´y sont mises aussi, et bientôt la piste sous la scène était remplie du tout Genève de la Manche en Fête. Un vrai Bal des Mendiants qui n´avait rien à envier au fameux Operabal de Vienne, mais plutôt le contraire sautait aux yeux: une telle simplicité, un tel plaisir à participer, pour le seul plaisir irrésistible de la danse, sans ce voyeurisme tapageur qui caractérise le tout Vienne, ou tout Paris, etc., où l´on va que pour être vu sans regarder les autres... Genève était une sacrée leçon d´humanité.

Pour nous aussi. Notre regard sur les mendiants a changé. Nous ne voyons plus en eux que des escrocs abusant de notre bon cœur. Ceux de Genève n´emportent pas leurs enfants avec eux pour mendier. Ils vont tout simplement exercer le seul métier qui leur est accessible pour avoir de quoi donner à manger à leurs petits. Mais ce qui est bien, c´est qu´autour d´eux il y a des gens comme Inès, Eric ou autres, qui les accompagnent, les défendent et surtout essayent d´amener leurs enfants vers d´autres issues de leur misère que la main tendue dans la rue... Le jour suivant il faut quitter le gite a 10 heures. Dur. On serait bien encore restés, et en plus on a pas où aller avant le spectacle de l´apres-midi. Heureusement que nous avons des billets gratuits pour les transports en commun de Genève, et les bateaux navettes en font partie, alors nous en profitons pour faire un aller-retour des deux côtés du lac. Il y a du vent et des vagues, une sacrée houle, qui fait de cette petite balade  une vraie sortie au large, le mal de mer y compris, et des souvenirs inoubliables en prime. 

Le spectacle a lieu dans une église. De nouveau, j´étais surpris de voir revenir la majeure partie du public d´hier. Manifestement, c´était un grand évènement pour eux tous et ils ne se lassaient pas de revenir vers nous. A ce spectacle se sont joints à nous en première partie les musiciens de rue, les Romani Stars de Genève, en apportant une touche de couleur locale.

www.espaquis.ch/assets/spectacle-de-la-troupe-kesaj-tchave-2011,-5-juin-2012.pdf

 

L´autoroute de Paris

Après le concert nous attend le trajet de nuit sur Paris : Nous ne sommes pas pressés, car cela ne sert à rien d´arriver à Montreuil trop tôt. Nous ferons une grosse halte sur une aire d´autoroute après minuit, pour dormir tranquilles dans le car, mais avant nous faisons encore une pause-pipi obligatoire dans une station relais. Les arrêts sur les routes sont pour ma part les moments les plus dangereux de nos trajets, c´est là que le pire peut arriver, les gosses et les camions, ça ne fait pas bon ménage. J´essaie d´instaurer des régles draconiennes de sécurité à chaque descente du bus, mais pratiquement je suis le seul à les appliquer... Donc je reste près du bus pour que aucun môme ne court là où il ne faut pas, et les filles vont toutes seules  à la station pour aller aux toilettes. Je n´ai même pas le temps de faire descendre tout le monde qu´elles reviennent, me disant qu´on les laisse y aller que par deux. Tiens ? Cela nous est encore jamais arrivé en France. Autant dans les pays germaniques les gestionnaires des toilettes sont carrèment odieux, à éstorquer une pièce quoi qu´il arrive, en France il n´y a pas ce genre de problèmes... Je vais voir à l´intérieur, et qu´est-ce que j´entends – la caissière qui téléphonne à son chef en disant : « Oui, il y a une quinzaine d´enfants des Gens du voyage, ils courent dans tout le magasin, ils sont partout, on fait attention, on vous tient au courrant... ». Je n´en crois pas mes oreilles. Calmement je l´apostrophe en demandant une explication, elle, tout aussi calmement continue ses invectives au téléphone, devant moi, comme si rien n´était.  Je suis sidéré, je ne sais pas comment réagir sur le coup, l´essentiel est de ne pas s´énérver. Bêtement je dis que nous ne sommes pas des Gens du voyage, et que même si nous en étions, de quel droit elle se permet de stigmatiser aussi ouvertement ces enfants à cause de leur origine. Les caissières, elles sont deux, me répondent qu´elles se font régulièrement braquer, attaquer et voler, et qu´elles n´ont pas le choix. Mais pourquoi mettre au pilori ces gosses qui n´ont rien fait ? Ils ne mettent même pas le bazar comme des jeunes Français ordinaires, ils ne font que passer sagement, et tout de suite sont pris pour des voleurs... Une des caissières me montre de la main la caméra de surveillance au dessus de nous et dit que c´est la consigne, si elles ne signalent pas la présence de personnes suspectes, elles se font mettre à la porte. Et de toute manière cela ne concerne pas que les Gens du voyage, cela s´applique à tous les ressortissants des pays de l´Est, Roumains, etc... les Etrangers. Camus ne serait pas déçu... Je comprends dans une certaine mesure l´argumentation. Nous sommes les premiers à dénoncer les comportements inacceptables de certains Roms et nous ne voulons surtout pas que ces faits soient occultés, cela ne sert à rien de nier la réalité. Mais ce que font ces caissières relève de la provocation, qui peut mal tourner si des fois elles auraient affaire à des personnes vraiment associales qui réagiraient certainement pas d´une manière aussi policée que nous. Je leur explique que nous sommes tout simplement une classe de collège qui est en voyage culturel, ce qui est vrai, et je leur demande que diraient-elles si en rentrant à la boutique je préviendrais tout de suite tout le monde qu´ il y a deux caissières, donc faites attention à ne pas vous faire voler a la caisse (qui n´a pas été victime d´une erreur à la caisse dans sa vie?). Mais ce n´est pas à leur niveau que cela se joue, il est évident qu´elle ne font que suivre les consignes de leurs supérieurs, comme il est hélas évident qu´elles ont déjà certainement eues de mauvaises expériences. Je n´insiste pas, on s´en va, on remonte dans le bus, et le temps que Helena allume une cigarette une voiture de la gendarmerie arrive, les gendarmes sortent et vont à la station. Mais ils ne nous interpellent pas, bien qu´ils voient bien notre bus garé pas loin. Ils font plusieurs tours du site, et  ils quittent les lieux. Lorsque nous démarrons, un autre car arrive, des jeunes en jaillissent à toute trombe, tout éxcités, manifestement c´est une colo ou une école francaise quelconque qui est en voyage. J´imagine le bazar que que ca va être à la station. J´ai été à l´école en France... Mais il n´y aura pas de coup de fil, ni de gendarmes. Il ne s´agit que de jeunes ordinaires qui vont mettre un bazar pas ordinaire. Nos gamins ont beau ne pas comprendre le français, personne n´a été dupe de ce qui c´est passé. Et on le sent passer. Lorsqu´on distribue à manger, il y  en a qui ne veulent pas, n´ont pas envie.  Encore sous les nerf, je gueule un bon coup: « On ne fait pas les difficiles! On est pas des privilégiés, il faut prendre ce qu´il y a. Et toujours se comporter dix fois mieux que les autres, car de toutes façon ça vous retombera sur la figure  que vous êtes des Tsiganes, et vous paierez pour les conneries que d´autres ont fait. Alors vous, soyez irréprochables ! A l´école, comme dans la rue ! ». On repart dans le silence sur Paris.

 

Montreuil

www.kesaj.eu/projekt/kesaj/ako-sme-pokracovali/montreuil/

Le matin nous atterissons au gymnase Henri Wallon de Montreuil, finalement affrété in extrémis pour notre séjour par la Mairie, où nous avons déja nos quartiers, nous connaissons le personnel, sympa,  toujours prêt à nous accueillir, et où nous savons que les infos entre les différents services ont toujours un peu de mal à passer... Alors nous passons la matinée à téléphonner avec plein de chefs de services différents, qui jurent tous de ne pas etre au courrant que depuis deux mois la décision que nous allons venir a été prise, mais finissent par nous faire livrer les tables, chaises et lits indispensables pour un confort de base durant notre présence sur les lieux.  Nous nous instalons furtivement, car dans la soirée nous sommes attendus pour un spectacle à Cergy.

salle du Gymnase Henri Wallon de Montreuil, notre dortoir du moment

 

Ca fait quatre jours pleins que nous sommes sur les routes, avec seulement une nuit avec un couchage normal et beaucoup de spectacles éprouvants derrière nous. Cela aurait été idéal d´être en résidence comme cela avait été convenu avec la Municipalité de Montreuil. Nous n´aurions pas été alors obligés de courir après les spectacles, après les cachets, qui même minimes, nous sont indispensables pour arriver à couvrir les frais faramineux du transport et de la logistique du voyage. On aurait pu se consacrer tranquillement aux ateliers avec d´autres jeunes, aux échanges, aux découvertes. Là, nous sommes à la course, chaque repas, chaque trajet, il faut les assurer. Montreuil nous a déjà fourni l´hébergement au gymnase, ce qui n´est pas si mal, mais nous n´avons aucune assurance quand à l´engagement financier dont il a été question, sinon qu´il ne sera pas à la hauteur de ce qui avait été convenu, et que seuls les Dieux de la buraucratie savent quand nous toucherons cette fameuse petite subvention tant espérée. Alors fatigués, éreintés, après avoir dormi qu´une seule nuit sur trois dans un lit (ou sur un matelas), nous filons sur le périférique en direction de la sixième prestation en trois jours. C´est une solution de fortune, trouvée au dernier moment suite aux tracas avec Montreuil. Dans l´incertitude de comment ça allait finir, ou plutôt dans la certitude qu´il va falloir se débrouiller en grande partie tous seuls, nous avons cherché en dernière minute des occasions de nous produire à gauche et à droite. C´est sûr, qu´au dernier moment on ne peut pas faire des miracles, ni dans le choix des salles, ni en terme de fréquentation du public, mais nous n´avons pas le choix, et sommes heureux de toute opportunité qui se présente à nous. Comme celle du spectacle à  Cergy, concocté par l´équipe des quatre stagiaires venus chez nous l´été dernier. Il n´y avait pas grand espoir de récolter grand-chose comme entrées, vu les délais impossibles, mais l´endroit, la salle, était vraiment magnifique, et l´occasion de retrouver les jeunes étudiants était tout aussi sympathique. En arrivant à Cergy, lorsque je télèphone pour savoir comme se garer avec notre bus le plus près de la salle des spectacles, un remue-ménage survient à l´arrière du bus et Helena m´appelle, paniquée.  Le temps que je saute de l´avant du bus vers les siéges arrière, Dusko, notre musicien, a réussi à frapper de plusieurs coups de poings sur la tête sa soeur Perla et Babovka, le petit gars assis à côté d´elle. Qu´est-ce que c´est que ça ?!!! On le repousse sur son siége, Joana, sa copine est assise à ses côtés, hagarde, je les regarde, je ne comprends rien. Je lui crie dessus, quoi qu´il arrive, il est impensable que des violences physiques se produisent au sein du groupe, nota bene en direction d´une fille, même s´il s´agit de frère et soeur. J´y vais de mes invectives, en même temps on arrive vers la salle, il faut se garer, Helena calme Perla qui a une crise de nerfs, et il faut descendre et décharger les costumes et se préparer au spectacle. Sur le coup je réfléchis comment rapatrier illico Dusko par un avion  dès le lendemain, mais les moyens sont limités, il est mineur, il faudrait un adulte pour l´accompagner, et je ne peux absolument pas abandonner le groupe. Parrait-il qu´il a réagi de la sorte parce qu´il a vu sa soeur sur une photo prise par un portable par un des gamins, en train de se blottir contre un garçon. Rien de très spécial, ils n´arrêtent pas de se prendre avec des poses lascives, mais sans plus, nous sommes là pour veiller au grain. Et s´il y a quelqu´un qui aurait quelque chose à se reprocher, ce serait avant tout lui, Dusko et Joana, qui n´arrêtent pas de vivre leur vie de couple au vu et su de tous, et nous courent par la passablement sur les nerfs, soit dit entre nous. Nous sommes un groupe de mômes, et les histoires de copins - copines, il y en a toujours eues, comme dans tout groupe de jeunes, mais les histoires de couples avec tout ce que ça comporte, vie à part, engeulades, réconcilliations, etc., ça ne fait que compliquer notre petite vie et nous n´avons pas besoin de cela. Alors que Dusko, que l´on tolère avec Joana nous fasse cela, bien sûr, on n´apprécie pas. Je le prends à part, lui demande des explications. Au début borné, il fini par s´excuser, sans trop d´enthousiasme, mais je n´en demande pas plus sur le coup, et je file vite mettre en place tout ce qu´il faut pour le spectacle. Perla n´est pas très bien, mais elle veut quand même danser, et c´est ce qu´il y a de mieux à faire... Sinon, malgré la fatigue, et dans tous les cas difficiles, la meilleure solution, c´est toujours le spectacle. L´action. L´engagement en commun de tout le collectif sur un objectif bien précis – donner le maximum sur scène pour satisfaire le public et pour se satisfaire soi-même. C´est un aspect essentiel du fonctionnement de notre groupe. Un projet en commun, et s´en sortir tout seuls, par la seule force de notre volonté et du travail sur scène et en répétitions. Le travail. Pas la mendicité, ou la manche... S´affirmer face au monde comme entité à part entière, autonome, subvenant à ses besoins, ne dérangeant personne, mais au contraire en apportant du bien-être à ceux qui viennent vers nous.  Ne demandant rien à personne, juste proposer des services relevant des arts de la scène avec des contreparties en retour. Mais parfois on tombe sur des partenaires qui n´ont pas le même sens des responsabilités et de l´autonomie comme nous, et cela fini comme avec cette fameuse Municipalité de Montreuil, mais c´est valable aussi pour nombre d´autres partenaires institutionnels, et cela va des Ministères aux Instances européennes en passant par les Nationales, qui se confortent dans leur cocon, peut etre avec de bonnes intentions, mais en décalage complet par rapport à la vie réelle.

 

Perla

Mais bien entendu, l´heure n´est pas aux considérations philosophiques ni morales sur le fonctionnement de nos sociétés, nous sommes heureux d´avoir envoyé un bon spectacle, festif, avec en première partie la fanfare de la fac avec nos potes, et on peut enfin rentrer en direction d´un lit au gymnase, où nous allons tous dormir comme un seul homme, puisque nous serons tous dans la même salle. Mais cela a l´avantage d´avoir constament tout le monde sous l´oeil, ce qui n´est pas négligeable au vu des derniers évènements.  Et puis se taper une partie de foot en rentrant à 1 heure de mat´ a aussi son charme et permet d´évacuer aux mômes le trop plein de nerfs accumulé au long de la journée. 

On envoie Dusko et Joana chez Colette (maman de Joana), mais cela n´empêche pas Perla tout à coup d´avoir un malaise, elle a un vertige et elle s´evanuit en tombant comme un sac de patates. Heureusement qu´on réussi à la ratrapper sans qu´elle se cogne par terre, vite de l´eau à la figure, quelques claques aux joues, son étourdissement ne dure pas trop longtemps, elle reprend les esprits après quelques secondes, mais en révéillant elle a une crise d´hystérie, elle se met à hurler, trembler, pleurer, elle appelle maman,  Helena, elle se blotie contre elle, autant dire que pour nous la journée n´est pas finie. Il n´est que 3 heures du matin... Au bout d´un bon moment on réussi à la calmer, rassurés d´y arriver, mais ça reprend de plus belle un peu après. Bien entendu c´est avant tout la perte de connaissance qui m´inquiète plus que sérieusement.  Inquièt n´est pas assez fort comme expression. Au fur et à mesure que ses crises reviennent je suis complétement terrorisé, il est évident qu´il faut faire quelque chose et vite. Elle fini quand-même par se calmer et s´endort. La courte nuit est tranquille, espèrons que demain ça ira mieux. Et ça a l´air d´être bien parti le matin, après une bonne grasse matiné, je laisse tout le monde récupérer au maximum après toutes ces éprouvantes journées, enfin nous n´avons aucun spectacle de prévu, le seul programme est de se reposer et détendre au maximum. Perla est encore un peu sonnée, mais manifestement elle a de la bonne volonté, elle tente de marcher, jouer un peu avec les autres, elle va prendre l´air. Et c´est là que ça recommence. Elle tombe de nouveau, de nouveau on la ratrrappe, on l´allonge dans le lit, vite de l´eau, elle ouvre les yeux, la crise, ... la consternation. Heureusement que Palo Pekarcik, le cameraman de nos films nous accompagne, il a de l´expérience du secourisme en tant qu´alpiniste, et il assure les gestes d´urgence. Même lorsqu´elle est sans connaissance, elle respire, son pouls est normal. C´est rassurant, mais lorsque je la vois pour une quatrième fois s´évanuir dans mes bras, je me pose vraiment la question de ce qui se passerait si elle ne se réveillerait plus... L´horreur. Normalement j´aurais du déjà depuis longtemps appeller les urgences ou aller à l´hôpital. Mais justement, je crains que si nous nous rendons à l´hosto, ils nous la gardent dix jours en observation, ce qui compliquerait sacrément le déroulement de notre tournée. Mais en même temps si quelque chose de grave lui arrivait ce serait encore bien pire. Et puis tout simplement j´ai peur pour Perla que je connais depuis qu´elle est toute petite et je ne voudrais pas qu´il lui arrive malheur, sans dire que j´en suis entièrement responsable... Alors c´est décidé, il faut aller voir un médecin, tant pis pour les complications que cela entraine. On télephonne aux parents, le père, dans un premier temps approuve la réaction stupide de son fils, ce qui me mets bien sûr en pétard. Mais la mère l´enguelle et moi aussi, bien sûr je suis en colère contre le gamin, dont le geste stupide nous complique sacrément la vie, en fait porte atteinete à la vie de sa soeur que l´on est en train de réanimer entre deux crises d´hystérie pendant que lui se la coule douce avec Joana chez Colette, qui vient de tomber sous le coup d´une grippe carabinée et est au lit avec 39 de fièvre sans pouvoir nous être d´un quelconque secours. On cherche quelqu´un qui aurait un ami médecin pour donner un avis en privé avant d´aller à l´hôpital avec la garde en observation qui s´en suivrait. J´appelle Miro, qui est infirmier, bien sûr il a une amie medecin, il faut qu´il arrive à la joindre et elle viendra dès qu´elle pourra. Entre temps je rappelle les parents, le père s´est calmé, et la mère m´apprend que Perla a été suivie en neurologie et qu´elle a déja eu de semblables problèmes. En plus Miro nous remémore  que lorsqu´il est venu en Slovaquie il y a deux ans, avec Joana, Dusko a eu une réaction simmilaire quand on ne voulait pas le laisser seul avec elle - il s´est évanui. Donc il y a des antécédents familiaux qui relévent plutôt du psychique, et apparament ce n´est pas lié directement aux traumatismes des coups qu´elle a recus de son frère. Cela me rassure un peu, et voyant que la petite reprend sur elle, après consultation par télèphone avec un ami psychiatre qui est passé par hasard à notre spectacle à Vienne, et qui a tout de suite identifié les protagonistes lorsqu´il les a vus sur scène, nous lui administrons des calmants en espérant que ca se calmera... C´est apparament un lourd contentieux familial qui ne date pas d´hier, en tout cas on évite les mettre ensemble, ce qui fait que Dusko reste au chaud chez Joana et nous on continue à se faire du mourron pour sa soeur. En fin de journée nous sommes recus par Alex, le chef du camps tsigane roumain de Montreuil, à l´antenne Ecodrom. C´est très chaleureux, Alex est un vrai as des fourneaux, ses brochettes sont délicieuses, et nous sentons qu´il met vraiment du coeur à nous receveoir de son mieux. Nous improvisons une bonne prestation, précédée de rencontres et échanges avec les jeunes roumains, qui ne se laissent pas intimider au niveau des claquettes... C´est super, on sent vraiment, qu´au fur et à mesure de nos venues les rapports sont de plus en plus chaleureux et informels. Et au niveau des jeunes, ce sont des graines semées qui ne demandent qu´ à éclore... Normal, puisque nous sommes à l´Ecodrom !

Le lendemain nous avons une prestation – rencontre avec des jeunes des quartiers en début d´après midi et à cinq heures un concert à l´eglise. La première intervention se fait sans Perla, mais elle vient quand même à l´église, apparament en forme, chantant et dansant tout le spectacle. C´est un chouette concert, intense, plein d´émotions, avec un public assez nombreux, du fait de l´excellente collaboration avec Rues et Cités qui nous amené via Corine les Roms des terrains, et aussi avec la présence de quelques partenaires du Ccfd venus découvrir l´objet de leur partenariat. Donc lorsque à la sortie de l´église les regards de Dusko et Perla se croisent, celle-ci tombe de nouveau dans les pommes, avec la crise accompagnée de gueulantes stridentes, nous l´enfermons vite dans les toilettes, pendant que moi je fais causette avec le brave curé et les bonnes soeurs, tout en faisant chanter les gamins pour qu´ils n´entendent pas les hurlements sortants des cagoinses. Scène digne des grands comiques muets du cinema américain, mais pas drôle du tout sur le moment. 

On réussi à regagner le bus, il faut la ramener au gymnase, et nous repartons pour une rencontre musicale au Café de la Pêche, un lieu légèrement alternatif de Montreuil. Perla est avec Helena et Marcela, parrait-il qu´elle sort enfin tout ce qu´elle a sur le coeur sur son frangin, et il y en a un paquet, ce n´est pas simple, les spécialistes disent qu´il faudrait qu´ils se "réconcillient"..., je ne sais pas comment ils vont gérer ca à la maison, pour nous dans l´imédiat il est essentiel de les séparer, ce n´est pas la peine de remettre ca à chaque fois qu´ils se regardent dans les yeux. Bien sûr, je suis furieux contre Dusko. Même s´il ne fait pas exprès, et au moins en paroles il s´est excusé, son comportement n´est pas responsable, ne correspond pas au statut d´adulte qu´il nous impose avec sa liaison avec Joana, qu´on tolère, mais au final nous avons affaire avec des gamins qui jouent aux grands et qui nous compliquent la vie. Comme nous avons maintenant deux autres musiciens avec nous, bien que nouveaux et pas encore au top, nous préférons laisser notre couple à Paris et faire le reste de la tournée sans eux. Je me pose quand-même des questions par rapport à cette union pour le moins précoce. Dusko a beau avoir un sourire désarmant, parfois il a des comportements plutôt violents envers Joana. Heureusement, elle n´a pas froid aux yeux et elle ne se laisse pas faire, tout en croyant dur qu´il va changer, évoluer, qu´il n´est pas comme les autres... Dans son environement un comportement résolu et dur est indispensable pour survivre tout simplement. Mais en dehors cela représente un réel handicap... mais ça, c´est de leur ressort, il ne faut pas seulement que leurs déboires conjugaux indisposent la vie du groupe. Mais dans un sens plus large, pour moi la question de l´adptabilité du bidonville à une vie normale se pose... Le soir ça se passe bien. Il y a de nouveau plein de Roms roumains des camps au spectacle, qui endurent courageusement toute la première partie composée de free jazz qui n´en fini pas et qui est une vraie torture pour eux. Après, c´est autre chose. Les lieux, une sorte de discothèque toute sombre, galvanisent nos jeunes, et en plus Gadjoro se met à une batterie qui est là par hasard, sur scène, et ca donne une sacrée prestation, pleine de super pêche.

A vrai dire, à ce stade de la tournée, nous serions bien rentrés, étant déjà complétement épuisés, usés par tout ce qui nous arrive. Pour moi, l´épisode avec Perla, et qui n´est pas encore fini, équivaut à plusieures années de vie, comme on dit... Après coup, ca peut paraitre banal, mais sur le coup,... J´ai encore sous mes yeux son visage, les yeux fermés, apparament sans vie... Va-t-elle se réveiller, ou non ?.. Je regrette que Dusko et Joana n´ont pas été présents lors de ces moments abominables, ils ne peuvent pas imaginer ce que l´on ressent en voyant partir dans les vaps une gamine toute jeune, qui n´a rien fait de mal à personne...

 

Moulin le Conte

Mais il faut continuer. Ne sachant pas deux jours avant notre départ si le gymnase de Montreuil serait accessible, nous étions bien obligés d´avoir des solutions alternatives et nous avons pris des engagement qu´il faut maintenant honorer. Et puis aussi, plus de trois, quatre jours à dormir tous dans la même salle, c´est assez éprouvant, on ferait bien de changer des lieux. D´autant plus, que vu toutes ces incertitudes, nous ne pouvons pas nous lancer dans des programmes trop élaborés de travail avec les jeunes des quartiers, comme prévu, car cela demande toute une organisation et coordination de différents partenaires sur place, que nous ne pouvions pas mobiliser, vu que nous ne savions pas ou nous en serons nous-mêmes. C´est déja beau que malgré tout ça, nous avons réussi à faire autant d´interventions avec tant de participants. Et ce n´est que grâce aux associations locales, Rues et Cités et FSM, qui, coordonées par l´Ecodrom nous ont suivies à fond, malgré tout, et qui ont fait du tres bon boulot, avec d´excellents résultats – à chacune de nos prestations sur Montreuil, nous étions pratiquement automatiquement rejoints par des groupes de jeunes et aussi d´adultes roms roumains des différtents terrains locaux. Certains venaient de leur propre initiative, mais la majorité n´aurait pas pu venir si Rues et Cités ne l´avait pas organisé et ne s´était pas investie pour.

Vite fait, un tour au Trocadéro, la Tour Eiffel et les photos, et nous partons pour Nogent-le-Rotrou, étape concoctée par l´intérmédiare de la petite Cassandra, qui me demande qques jours avant le départ sur le facebook si on va venir. Je regarde que très rarement ce truc, et je lui explique nos avatars. La dessus elle en fait part à Yanis et Camo, et c´est parti : en dix jours ils trouvent comment nous loger et ou nous produire.  Connaissant les penchants particuliers en matière d´habitat de nos amis (qques années de chapiteau en plein camp rom...), j´ai comme des petits serrements au coeur, mais je leur explique bien ce qu´il nous faut, et puis je sais qu´ils sont responsables, et de toute manière il n´y a pas de Roms dans le coin, alors nous ne risquons pas de nous retrouver au milieu d´un camp. Après leur départ de St. Denis ils ont aménagés cet endroit, un ancien moulin, reconverti en usine abandonnée, qu´ils sont en train de retaper peu à peu. Le moins que l´on puisse dire, c´est que l´endroit est alternatif. Pur et dur. Vastes locaux qui seront certainement formidables une fois réhabilités, mais pour l´instant on sent encore la friche plutôt que le cottage... Les mômes encaissent sans broncher. C´est sûr qu´il auraient préfèré un banal F1 ou un autre endroit plus conventionnel. De l´alternatif, ils n´ont que ça chez eux, toute leur vie. Mais on a pas le choix, et on réussi à caser les uns et les autres dans des caravanes, recoins, couloirs.. le seul problème c´est que le temps a brusquement changé, et il fait carrément un froid glacial. Le lendemain nous filons à toute vitesse dans l´école de Cassandra pour notre prestation rien que pour nous réchauffer. Un spectacle le matin, un l´après-midi. Toujours le même succès, les mômes français fascinés, subjugués. Pour nous ça fait des répétitions  grandeur nature, qui permettent aux nouveaux musiciens de s´affirmer et une nouvelle star voit le jour – la petite Maria, soeur de Rastik,  est une vrai vamp miniature de la scène, elle magnétise tous les regards, et même à moi, elle me donne du baume au coeur avec ses airs de Greta Garbo mini tsigane. 

 

C´est un sacré numéro! Enfin de retour au bercail, mais cette fois-ci avec des réchauds dans les caravanes et une prise en main de la restauration. Il faut stopper les bonnes volontés de nos amis francais en matière culinaire, nous sommes trop épuisés pour faire du tourisme gastronomique, l´essentiel est de rassasier les gosses vite et bien, alors gentiment, mais fermement nous prenons possessions des fourneaux et les filles avec Helena en tête concoctent nos plats nationaux, halushki, crêpes aux patates, qui ont le mérite d´être vite et bien faits, et permettent à toute la bande de se goinfrer comme il se doit, nos hôtes y compris. Finalement, malgré le froid nous prenons nos marques dans cet endroit inouï, et on arrive même à récupérer en vue du spectacle du samedi qui aura lieu ici. Un endroit scènique est aménagé, même une chouette lumière avec des projos est mise en place, il n´y a pas besoin de micros, on a la patate, tout va bien de nouveau. Surprise, nous sommes rejoints par Coralie avec la petite Renata de St. Denis. Pekarcik filme tout ça, il a un super matos et sait s´en servir, si tout va bien on aura un sacré film en bout de compte. Ce sera même le film de notre vie, je ne pense pas qu´une autre pareille occasion se présentera. C´est dommage que nous ne soyons pas au complet. Il ne faut pas oublier que nos deux chanteurs, Shnurki et Jaro ne sont pas là, partis sans un mot chez Fred, qui veut avant tout nous aider – en jouant au fantôme et en nous privant de nos chanteurs. Dusko et Joana ne sont pas là non plus, pour des raisons que l´on sait. Ce n´est pas toujours évident de faire face à ces défections, mais on fait avec...

 

L'Echo Républicain  Centre France

Le Perche

EURE-ET-LOIR > LE PERCHE > NOGENT-LE-ROTROU 07/04/12 - 06H00

La troupe des Kesaj Tchavé, venue des bidonvilles Roms de Slovaquie fait escale dans la commune

 

Une trentaine d’artistes Roms de la troupe Kesaj Tchavé ont livré leurs spectacles à deux classes nogentaises.

En accueillant au Moulin Lecomte la troupe des Kesaj Tchavé, Camille Brisson marque son retour à Nogent-le-Rotrou et lance un appel associatif.

Les pêcheurs connaissent parfaitement l'endroit pour y avoir suivi à plusieurs reprises le cours de l'Huisne. Les abords du Moulin Lecomte sont particulièrement riches en poissons et notamment en perches. Désormais, le moulin qui alimentait autrefois Nogent en électricité, situé sur la route basse du Theil, a de nouveaux propriétaires avec Camille Brisson et son compagnon, et avec eux une nouvelle âme.

Quelques semaines après son retour dans la capitale du Perche, après cinq années passées sur les routes, Camille Brisson a frappé fort en accueillant jeudi la troupe des Kesaj Tchavé (notre encadré). « J'ai rencontré leur responsable en France alors que je travaillais dans des bidonvilles », explique la jeune femme.

Des artistes âgés 
de 5 à 22 ans

Avec son association Raj'Ganawak, elle y menait un accompagnement social des populations en difficultés autour du spectacle vivant. « L'association continue d''uvrer. J'ai choisi pour ma part de marquer une petite pause et de construire également ma vie personnelle. » Un quotidien qui s'articule notamment autour de deux enfants d'origine Rom dont elle est marraine légale : Cassandra, 11 ans, et Spartacus, 13 ans, tous deux scolarisés dans la commune.

C'est tout naturellement que leurs écoles, Jean-Macé et le collège Pierre-Brossolette, ont été sollicitées pour accueillir deux spectacles des Kesaj Tchavé. Un instant incroyable de magie et d'émotion qu'une cinquantaine d'enfants ont savouré sans retenue.

Appel aux associations

Dans le gymnase du complexe Robert-Huwart, une trentaine de jeunes, âgés de 5 à 22 ans, ont chanté et virevolté autour de leur mentor, Ivan Akimov. Dans un festival de couleurs et d'énergie communicative, la jeune troupe n'a pas compté ses efforts pour séduire et même joindre leur public du jour à sa fête tzigane. Après un passage à Vienne (Autriche) et avant de rejoindre Paris, les Kesaj Tchavé sont de nouveau sur le devant de la scène, à 20 heures, ce soir, au Moulin Lecomte, pour une soirée ouverte au monde associatif. « Nous souhaitons que ce lieu s'ouvre à tous ceux qui ont un projet artistique, social ou culturel à proposer », explique Camille Brisson. « Nous ne serons pas des commanditaires mais nous pouvons servir de lien. »

Gwenaël Baptista

 

 

Sur une corde raide

Dimanche c´est le départ pour Paris. L´ambiance est au top. Le spectacle a envoyé, et surtout ensuite il y a eu une discothèque sans retenue, puisque sans voisins, jusqu´à qques 2 heures du mat´, sur nos musiques à nous, bref, le bonheur, malgré la cailletance toujours coriace. On attend toujours une hypothétique réponse de la part de la Municipalité de Montreuil quand à la prestation devant la Mairie, mais sans nouvelles de leur part, nous ne sommes pas trop mécontents de la sauter, ayant déjà notre lot de spectacles sur cette tournée. Nous avons reçu une proposition sympathique de la part d´Alain Monteagle, élu à la ville, qui nous a proposé de nous amener à titre personnel au Louvre, apparament il est passioné de la Mésopotamie et il est prêt à nous faire un exposé sur mesure, mais pareil, faute de temps, nous ne pouvons pas l´accepter  pour être dans les marges de conduite des chauffeurs avant le voyage de retour. Nous filons alors droit au Cirque Romanes, pour y honorer la Journée Mondiale des Roms, comme convenu avec Délia. Pareil, nous nous serons bien passés de cette prestation en bout de course, qui nous a finalement obligés de rester 4 jours de plus, mais l´engagement a été pris, Délia a fait pour une fois plein de pub sur nous, les billets étaient à la prévente à la Fnac, donc nous ne pouvions pas nous débiner. Dernièrement j´ai des appréhensions en venant au Cirque. Nous y donnons toujours le maximum, et dans des conditions qui, bien que rocambolesques, n´en sont pas moins très éprouvantes. Nous avons encore un souvenir très vif du dernier passage au Nouvel An, qui mis à part le côté burlesque de la situation, était une sacrée épreuve d´endurance, une sorte de marathon de la danse de minuit jusqu´au matin. Mais le pire est que il n´y a absolument aucune sono. Les musiciens sur place en ont une, et puissante, avec des micros-cellules qui leur font un son d´enfer, et nous, on passe ensuite uniquement avec nos petits instruments acoustiques avec les quels on ne peut pas faire le poids au niveau des décibels. A chaque fois on y va les dents serrées, et il faut se forcer de plus en plus pour y aller. Cette fois-ci par contre c´était beaucoup mieux. Nous avons d´abord retrouvé l´équipe du Cirque en parfaite forme, manifestement le récent séjour en Espagne avec l´hébergement à l´hôtel leur a fait du bien. C´était pile la date de la Journée Mondiale des Roms, et avec Délia nous l´avons annoncé comme il se doit : Le  Cirque Tzigane Romanès et  La troupe des Kesaj Tchavé –  Danse et Musique Tzigane avec 30 artistes tziganes de Slovaquie - vous proposent  une soirée exceptionnelle pour fêter ensemble la Journée Mondiale des Roms. La famille Romanès ouvre son chapiteau à Kesaj Tchave, les enfants de la Fée Rom qui dit que pour recevoir de l´amour, il faut savoir d'abord en donner...Deux spectacles exceptionnels qui mettent en avant la culture tzigane ! Les enfants des camps et bidonvilles rom nous apportent la preuve que la fatalité peut être vaincue, même si c´est parfois en dansant sur une corde raide... (Spectacle réalisé dans le cadre d´un projet socio-éducatif avec les enfants de campements franciliens et de bidonvilles slovaques). « Un homme qui crie n’est pas un ours qui danse… » Aimé Césaire

Nous passons en début du spectacle, on ne prend pas les trois micros qu´on nous propose, cela serait insuffisant, mais nous nous mettons bien en avant de la piste, la musique et le chant bien serrés, concentrés, et nous envoyons une super prestation dont nous sommes tous satisfaits. Enfin. En fin de tournée nous sommes hyper rodés, ça sort tout seul, je suis content qu´Alexandre, le directeur du Cirque puisse aussi assister tranquillement à notre passage, et c´est sur une bonne impression que nous quittons la piste. Alexandre se comporte vis-à-vis de nous toujours très correctement, il tient même les engagements financiers que Délia aurait tendance à oublier... et tout se passe bien. Heureusement, sinon on n´aurait pas de quoi rentrer.

 

Le retour sans problèmes. Les soutes du car sont pleines à ras-bord des fringues que Monique nous a ramenées de Reims. Il y en aura pour tout le monde. Je suis surpris que lorsque durant une pause sur l´autoroute, je prends Dusko et Perla à part, demandant en rigolant s´ils veulent encore continuer à venir, ils me répondent sans rigoler que non. Perla est toute raide, il n´en faut pas beaucoup à ce qu´elle fasse comme avant, qu´elle perde connaissance. Oh là, je n´insiste pas. Dusko, droit dans ses bottes, proclame qu´il ne viendra plus parce que nous l´accusons qu´il fait des problèmes. Eh bien, il y a de quoi faire encore... Mais cela relève avant tout de leurs parents, qui le jour suivant me téléphonent pour me demander 2 euros pour aller chez le neurologue. Et pourtant Dusko a ramené des sous que Joana lui avait donné, mais ils ont achetés des clopes, lui, il s´est bien sapé... et Perla attendra pour aller chez le médecin des jours meilleurs, car je ne suis pas là pour leur donner les qques centimes pour prendre le train pour  Kežmarok, je suis en Italie...

Il y a eu encore comme un miracle. Une dizaine de jours avant le départ en cette tournée mouvementée, une crise financière sérieuse se pointait. Toujours la même chose, des paiements en retard, pas de réserve, comment faire. Le même problème que chez Dusan, sauf qu´on achète pas de clopes ni de fringues et tout notre argent part dans les allers-retours aux bidonvilles... Alors ne reste qu´à partir sans un centime. Quelle galère ! C´est là que je reçois un coup de fil de Joelle du Vercors, m´annoncant qu´ils vont dissoudre l´association Ver´Kesaj, et qu´il leur reste encore un peu de trésorerie et qu´ils vont nous envoyer! Et ce n´était pas que quelques euros comme je le croyais, mais de quoi partir en pouvant faire face à l´imprévu. Donc nous avons pu donner une avance au chauffeur, prendre deux repas au McDo, ne pas être aux abois durant les jours qui nous attendaient. Incroyable, mais vrai ! Merci. Merci beaucoup. Des coups comme celui-là aident sacrément à repartir, à tenir bon, à continuer tout simplement. Bien sûr, on ne peut absolument pas compter dessus, il ne manquerait plus que ça, qu´on perde la tête... Mais ça arrive. Donc il y a une justice quelque part. Ici sur terre, au milieu de toutes ces misères, ça vaut la peine de s´investir sans attendre de retour... car de toute façon on reçoit bien plus que l´on donne.  

Notre petite Perla a été soignée dès notre retour. Heureusement, rien de méchant aux premiers abords. Elle a eue quand même un 90/60 de tension en rentrant. On lui a fait tous les examens et elle a été orientée sur le service neurologique. Rien à signaler. Les parents vont s´impliquer pour essayer d´arrondir les angles entre les enfants à la maison.

Et puis on devrait repartir en juillet...