Début de l´année

Janvier 2023
Le 1er janvier Anna Koptová, la soeur ainée de Helena, a reçue des mains de la présidente de la République Slovaque, Zuzana Čaputová, la plus haute récompense de l´État, l´Ordre National de Ľudovít Štúr de deuxieme degré. 
Timide reprise. Les excès au niveau des effectifs de l´année dernière, surtout vers la fin, ont eu raison de tout notre budget, et nous ne pouvons pas poursuivre les répétitions en nombre, comme nous l´aurions souhaité. L ́ apothéose, c ́ étaient les deux spectacles en novembre et en décembre, que nous avons fait avec une participation vraiment massive de nos effectifs, et en vue desquels nous avions fait ces méga répétitions, mangeuse de budgets... Tout le monde veut reprendre comme avant, mais il faut attendre des jours meilleurs...
 
Février
A Paris, a la Cité de la Musique de la Villette a eu lieu le concert Tsunamen, du projet du Sirba Octet, auquel nous avons participé en relevant les textes des chansons tsiganes, et en travaillant la phonétique avec le Choeur des enfants de l ́Orchestre de Paris. Le concert, dédié aux peuples qui ont souffert de la génocide, les Juifs, les Roms et les Arméniens, était une réussite, la salle était pleine, l´intérprétation parfaite, une tres forte émotion. 
Et sur la TV JOJ a débuté la série Iveta, à la quelle nous avons participé, timidement, mais quand-même... Un succès national. 
En attendant, prise de contacts avec des productions potentielles pour la tournée d´été, mais très timides, aussi... Deux options, peut-être trois, fin juillet début août, mais c´est loin de faire le compte pour pouvoir se lancer dans l´aventure. On a jusqu'à la fin de la semaine pour trouver des solutions, et donner une réponse définitive...
Je viens de conduire Roman et sa fille aux urgences. Sa femme attend un quatrieme enfant, ils vont et viennent entre Lomnica et Stiavnik, le bidonville de sa femme. Ils se font chaque fois mettre a la porte quand ils n´ont plus d´argent, ce qui arrive assez souvent, donc voyage, voyage... Une situation figée à tout jamais, personne n´a de l'argent et personne ne partage le rien qui lui reste. 
On va reprendre les répétitions des qu´on le pourra...

Ujo Ivan, excusez-moi de vous déranger, je voudrais juste vous demander... C'est comme ça que commencent tous les coups de fils de Roman. Suit une demande, généralement sur un prêt (non remboursable) de 10 ou 15 euros pour manger, car ils n'ont rien mangé depuis deux jours, ou pour acheter des briquettes de bois, car il fait froid, les policiers font les rondes dans les bois et il n'est pas possible d´aller en couper, ou bien pour amener un des petits aux urgences... Cette fois-ci c´est pour nous demander si nous n'aurions pas une vieille armoire à lui donner, car la ligne de cuisine que nous lui avons apportée l'année dernière s'est désagrégée et est tombée en morceaux, et il n'a plus où mettre les affaires des enfants. En effet, Roman n ́a pas passé tout l'hiver dans sa cabane éventrée, c ́était impossible, vu les températures glaciales, donc la cabane n'était pas constamment chauffée, le toit, troué, a laissé passer la neige et l'eau, et la cuisinière n'a pas pu résister, les planches se sont décollées, et le tout est tombé en miettes... Hélas, non, nous n'avons pas d'armoire ni étagère à lui fournir... 
Roman est donc revenu de nouveau à Lomnica. Pourtant, il y a quelques jours, lorsque je l´amenais aux urgences avec sa fille, il a juré de ne plus jamais revenir, car il s'est fait jeter dehors par les siens, n'ayant plus d'argent pour acheter de quoi manger à tout le monde. Bon, ce n'est pas la première, ni la dernière fois... La réalité des rapports humains intra muros dans les osada nous a été rapportée à maintes reprises par Roman ou d'autres membres du groupes, bavards, ayant leur lot de misère sur le cœur à évacuer... C´est toujours la même chose. Personne ne donne ni prête rien à personne. Ici, on ne partage pas. Partager est un luxe que l´on ne peut pas se permettre ici.  Et cela, aussi bien entre les cousins que les frères ou amis d´enfance... C´est dur à entendre, alors qu´est-ce que ce doit être à vivre ?! 
Le lendemain Roman rappelle, il a trouvé une armoire pas chère sur un site de vente d´occasion, est-ce que nous aurions 25 euros à lui prêter. Non, nous n´avons pas 25 euros à lui prêter, car ces emprunts ne sont jamais remboursés, et nous n´avons que trop donné par le passé, et puis nous non plus, nous ne sommes pas en état de prêter quoi que ce soit à qui que ce soit, on a plus rien. Nous lui proposons d'aller donner un coup de main le lendemain sur un chantier de nos amis, il pourra gagner quelques sous, et peut-être, acheter son armoire, a moins qu´il n'achète de quoi manger. Et pourtant, les allocations familiales étaient perçues il y a juste quelques jours... mais en général elles s'évaporent instantanément dans le remboursement des prêts fournis par les usuriers de l´osada, et pour ceux-là, il n'est pas question de moindre retard dans leur remboursement...

Et pendant ce temps, a Rennes, a lieu l'Assemblée générale annuelle de Yepce, notre association soeur qui nous épaule depuis nos débuts... Il y a Johann, les Carrets, Rodolphe et un nouveau venu, ami des Carrets. C´est formidable de savoir qu ́à l ́autre bout du monde, de l'Europe en l ́ occurrence, il y a des gens qui s'intéressent à notre sort et se cassent la tête pour savoir comment faire pour donner un coup de main. Sans eux, cela fait longtemps que l´on ne serait plus là, on aurait arrêté depuis longtemps... 

Les coups de fil et les messages sur le messenger n'arrêtent pas : Quand est-ce qu´on reprend les répétes ? Pourquoi il n´y a pas de répètes ? On explique quoi et comment, la hausse des énergies, du gaz, du transport en bus, on espère reprendre bientôt, patience, encore une semaine... On annonce les deux spectacles prévus en avril, cela donne de l´espoir...