Fête du Houblon

 
 
 

50e Fête du Houblon Haguenau – Festival des Folklores du monde

Haguenau – Ouverture du Festival, Halle aux Houblons, 17.8.2009

Haguenau – animation au Périscolaire du Metzerhof, 18.8.2009

Haguenau – spectacle, Forum Zone piétonne, 18.8.2009

Haguenau – Salle de la Douane, 19.8.2009

Neubourg – spectacle du groupe, 19.8.2009

Haguenau – spectacle à l’Hôpital Long séjour, 20.8.2009

Haguenau – Jardin de la Maison de Retraite, 20.8.2009

Haguenau – Forum Zone Piétonne, 21.8.2009

Haguenau – Halle aux Houblons, 21.8.2009

Haguenau – Forum Zone Piétonne, 22.8.2009

Haguenau – Halle aux Houblons, 22.8.2009

Haguenau – Défilé, 3 scènes, 23.8.2009

Haguenau – Halle aux Houblons, 23.8.2009

 
 
 
 

De : Jean Claude WAGNER

Date : 21 octobre 2009 10:47:48 HAEC

À : Alain Cluzel

Objet : Bravo et merci

 

Alain,

Merci pour le dossier de presse et aussi pour le magnifique témoignage d’Ivan.

Le groupe Kesaj Tchavé est vraiment unique, sur scène mais aussi en coulisses. C’est vrai que, comme d’autres organisateurs, j’ai eu quelques appréhensions en programmant cet ensemble. J’ai pris aussi (sans m’en rendre compte) un « risque » en logeant le groupe dans le même internat et au même étage qu’une musique slovaque. Heureuse « faute » allais-je dire, après avoir lu les « confessions » d’Ivan. Que d’a priori balayés à ce rendez-vous de Haguenau ! Et j’en suis particulièrement heureux.

Voilà donc des jeunes dont le talent n’a d’égal que la parfaite discipline et l’extrême correction. On sent ici l’admirable engagement d’un homme qui est tout à la fois un artiste de grand talent, un meneur de jeunes exceptionnel et un monsieur au cœur « grand comme ça ». Il faut bien tout cela pour oser se lancer dans une telle aventure. Admirable !

Avec Kesaj Tchavé nous n’avons donc eu aucun problème mais ô combien de satisfactions, de joies et d’émotions.

Bravo et merci Alain pour tout ce que tu fais pour ce groupe et pour cette contribution vraiment unique et originale que tu as ainsi apportée à notre festival 2009.

Bien cordialement

 

Jean-Claude WAGNER

Chef du service Office des Sports et Loisirs

Pôle Epanouissement et Société

Ville de Haguenau

 

Tél. : + 33 (0)3 88 73 30 41

Fax : + 33 (0)3 88 73 44 04

Mèl : jean-claude.wagner@ville-haguenau.fr


Viac tu: https://www.kesaj.eu/fr/projekt/kesaj/ako-sme-pokracovali/velke-zajazdy/

 

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HAGUENAU 2009

Après Montoire, Haguenau. La 50e Fête du Houblon marquait la fin de notre tournée. La sixième semaine sur les routes, sur un rythme ascendant, plus rien ne pouvait nous arrêter. A vrai dire, quand Alain nous a annoncé en début d’année, lorsqu’il élaborait notre tournée, qu’il travaillait encore sur une sixième semaine de festival à Haguenau, nous nous sommes dit, que l’on s’en serait bien passé, cinq semaines nous paraissaient amplement suffisantes. Et c’est vrai, à la fin du Festival de Montoire, si l’on nous proposait de rentrer chez nous, personne n’aurait protesté. Mais, c’était déjà prévu, en plus Haguenau était sur le chemin de retour et je comprenais très bien, que plus il y avait de festivals, plus c’était facile pour les organisateurs de compenser les frais liés à notre séjour. Donc, c’est un peu en serrant les dents, en se disant que l’on va bien tenir encore une semaine, la dernière, que nous mettions le cap en direction de l’Est, pour nous rendre à cette 50e Fête du Houblon. 

Montoire – Haguenau était une belle étape de 700 km environ. Nous préférions alors la faire dans la nuit, sachant que de toutes façons, le dernier soir d’un festival on aura du mal à se coucher, il y aura d’interminables adieux avec les autres groupes, le rangement des chambres, les bagages, … alors tant qu’à faire, autant embarquer de suite après le spectacle, cela nous évitera de nous presser inutilement lundi et nous éviterons les routes sous la chaleur. Il en fut ainsi. Nous quittons Montoire vers 3 heures du matin et le lendemain à midi nous arrivons à Haguenau. Bien que notre arrivée fût prévue à l’origine qu’en fin d’après-midi, on nous sert sans problèmes un bon repas chaud et nous pouvons aller nous installer dans les locaux d’un ancien séminaire qui nous servent de dortoir. C’est assez excentré, mais a l’avantage d’être bien isolé, et cela nous convient parfaitement. Nous savions qu’à ce festival prendrait part hormis nous, un autre groupe slovaque, une fanfare de cuivres du côté de la Moravie, mais jamais nous n’aurions imaginés, que les organisateurs, pensant bien faire, allaient nous mettre côte à côte dans le même bâtiment, même étage, même couloir ! Découvrant ça, Heléne et moi sommes carrément tétanisés, hébétés, ne sachant quoi dire, quoi faire pour éviter cela. Nous essayons vainement d’expliquer gauchement à nos accompagnateurs respectifs les raisons qui nous portent à éviter nos compatriotes. Trop tard, il n’y a pas d’autres solutions que d’affronter une semaine de cohabitation entre les Slovaques et les Roms. Nous essayons de limiter les dégâts en délimitant bien les espaces respectifs des deux groupes au niveau des douches et des sanitaires, mais c’est en appréhendant le pire que nous attendons le lendemain, lorsque nous devons être rejoins par la fanfare de cuivres Buckovanka de Moravské Lieskové, qui se situe juste à la frontière slovaque et morave, presque à l’opposé géographique de nous. Nous apprenons aussi que nous avons quand même une prestation de prévue dés le premier jour de notre arrivé. Etant donné que c’est le 50e anniversaire du festival, celui-ci commence plus tôt, ce soir aura lieu l’inauguration, et nous sommes invités à participer avec une petite prestation de 20 minutes. Pourquoi pas ? Au contraire, cela nous évitera de traîner. Je ne pensais pas si bien dire. Après le dîner, nous attendons notre passage, et nous passons que vers minuit ! Que quatre heures à attendre ! Après une nuit de voyage, une journée à traîner à s’installer, sans repos véritable, attendre minuit pour passer sur scène devient un sacré challenge. Tout le monde tombe de sommeil, d’ailleurs il y en a pas mal qui dorment où ils peuvent, sur les bancs des vestiaires improvisés, ou même sur les tables ou par terre. Que faire ? Se plaindre eut été légitime, mais arrivés à ce stade de fatigue et d’endurance, il y a une sorte de résignation qui fait que l’on prend les choses telles quelles et on fait pour que ça passe le plus vite. La salle dans la quelle nous devions nous produire n’était pas non plus des plus engageantes. C’était une espèce d’énorme salle à manger, un peu façon cantine, avec plein de bruit des couverts et des gens qui parlaient, où tout le public était attablé et occupé à ingurgiter de la choucroute et surtout à s’abreuver de la bière sans modération. A priori cela ne donnait pas envie de se produire dans de telles conditions, en étant juste qu’une coulisse culturelle, un décor artistique pour mieux faire passer les saucisses et les Kanterbrau. Je plaignais les mômes, qui, heureusement ne s’en fesaient pas plus que ça.   Pour des raisons énoncées plus haut, je considérais cela comme une fatalité, et vers minuit, dans un dernier sursaut d’énergie j’ai lancé malgré tout une prestation kamikaze avec tout l’entrain et l’énergie dont nous sommes capables. Ce qui est merveilleux, c’est que tout le monde suit, donc malgré tout on envoie un sacré spectacle, et surprise, ce n’est pas ce temple de la bouffe gargantuesque comme je le voyais au départ, ce ne sont pas des goinfres qui ne pensent qu’à s’empiffrer, mais tout à coup c’est une salle merveilleuse et un public généreux qui nous fait des ovations et nous porte aux nues ! Et il en a été ainsi jusqu’à la fin du festival. Comme quoi, même en ayant du métier et de l’âge, on peut se tromper sur toute la ligne. Et c’est ce qui m’est arrivé avec cette fameuse Fête du Houblon, qui était en fin de compte une apothéose lors de notre périple de 6 semaines, et que malgré toute notre fatigue nous n’aurions en aucun cas voulu manquer et qui nous a laissé d’inoubliables souvenirs, de rencontres et d’amitiés. En effet, que ce soit au niveau de l’organisation, de la logistique et surtout au niveau humain, ce festival aussi réunissait tous les superlatifs comme jusqu’à présent.   A commencer par le trio d’accompagnateurs, dont deux Martiniquo – Antillais (qu’ils m’excusent mon ignorance géographico-ethnique), Bruno et David, merveilleux de générosité et de gentillesse, tout en étant très cool, plaisantant, matant les belles filles, bref leur façon décontracte de percevoir la vie à ce stade de la tournée a sur moi un effet quasi thérapeutique. Christian, notre troisième guide local n’est pas en reste, parfaitement efficace, réalisant le record des festivals du portage de Matej à califourchon sur les épaules, tout en nous accompagnant à la piscine, chez le médecin, aux magasins, etc. Pareil au niveau de la direction, qui a beau d’être d’une redoutable efficacité en gérant parfaitement l’enchevêtrement des multiples spectacles simultanés sur plusieurs sites de  la vingtaine de groupes participants, ils n’en sont pas moins profondément humains et plein de sollicitude à notre égard. Cette bienveillance bonhomme, nous la sentions à tous les niveaux. Partout, dans les cuisines, lors des spectacles, surtout nos petits fesaient l’objet de toutes les attentions de la part des bénévoles du festival. 

Arrive le moment fatidique de la rencontre tant redoutée avec le groupe slovaque. Tous les hommes sont en général très sensibles quand aux relations inter ethniques.  Il suffit d’un rien, et même des gens très sensés peuvent virer dans la démagogie, voir pire, l’agressivité, la haine. A vrai dire, nous n’avons pas eu jusqu’à lors à souffrir plus que ça de tels comportements, mais tout le monde a déjà eu des expériences négatives à ce niveau, et ça laisse des traces. Et encore une fois, il suffit d’une réaction anodine, d’une remarque déplacée, et cela peut dégénérer, créer un malaise, voir pire, un traumatisme impossible  à oublier. Et c’est ce que nous craignions en apprenant que nos prochains voisins de couloir seront nos compatriotes. Idem, comme plus haut, c’était tout le contraire. La vingtaine des musiciens de la fanfare Buckovanka s’avérèrent être  de braves gars, très sympas, affables, aimant avant tout la musique et tout ce qui va avec. Nous n’avons senti de leur part la moindre allusion à quoi que ce soit qui serait de nature à nous offusquer ou  contrarier. Dés qu’ils sont arrivés, en bon villageois qu’ils sont, ils ont sortis leurs bouteilles d’eau de vie maison, distillées par eux-mêmes, et n’ont pas arrêté d’offrir des tournées générales, moi-même n’y échappant pas, et pour une fois enfreignant ma règle d’abstinence, j’ai du aussi avaler quelques verres de leur célestes tord-boyaux. On ne peut même pas dire que les glaces étaient rompues, puisqu´il n’y en a jamais eu, et dés le début de notre rencontre il y avait déjà une chaleur et une humanité qui était pour nous comme du baume au cœur. Nous nous sentions vraiment  comme chez nous dans le bon sens du terme avec ces braves trompettistes, trombonistes, tubistes, et je ne sais quoi d’autre encore. Eux aussi, manifestement appréciaient notre présence et avec curiosité découvraient notre groupe. Il en fut de même par la suite. Ils suivaient avec intérêt chacune de nos prestations, devenant des fans à part entière de notre groupe. Il faut dire aussi que les festivals, c’étaient d’innombrables rencontres et expériences vraiment hors commun pour tous les participants, raison de plus, pour nos mômes. Chaque jour, à toute heure, c’étaient des échanges, des jeux spontanés, des blagues, des rigolades avec les membres de tous les groupes présents. Des matchs de foot improvisés avec des équipes mixtes composées de Russes, Haïtiens, Birmans, etc.  Je  ne vais pas tous les  citer, il y en eu une vingtaine de nations des cinq continents, et tous étaient très ouverts, amicaux, sans la moindre animosité, au contraire tous dans une cohabitation fraternelle, empreinte de curiosité et de générosité. Comment ne pas être sensible à toutes ces images, peut être banales, mais ô combien rares et précieuses pour nous, car hélas, illogiques justement  dans ce cadre de la logique implacable de la réalité des Roms en Europe. Chez nous, aucune de ces scènes familières des coulisses des festivals, lorsque nos jeunes échangent, s’amusent, parlent, discutent, gesticulent, d’égales à égales avec tous les autres, ne serait pas concevable dans le cadre d’une vie ordinaire de tous les jours. C’est comme ça.  On ne va pas changer le monde, mais là, pendant le un mois et demie de la tournée, nous l’avons changé, ce monde immuable, nous l’avons façonné à notre manière. Même si ce ne fut que temporaire, éphémère, l’important c’est que cela eut lieu. Donc, c’est possible! Mais, cette remarque est valable aussi pour nous, et plus d’une fois j’ai eu le même discours vis-à-vis de notre groupe lorsque les discordes internes entravaient un peu trop notre quiétude : «Les discordes, laissons les pour la maison. Nous savons tous pertinemment qu’elles font partie de la vie de tous les jours chez les Tziganes. Il n’y a pas un village, pas un hameau, pas un bidonville, ou il en soit autrement. Au sein des familles mêmes, des discordes futiles et féroces en même temps séparent jusqu’à la tombe frères, parents, cousins. C’est comme ça. A ce que je sache, personne ici n’échappe à cette règle. Nous n’y ferons rien. Nous le savons tous. Mais au moins ici, tant que nous sommes en dehors de cette sphère maudite de vendettas débiles, tant que c’est moi qui dirige la troupe, il en sera autrement et nous allons vivre ensemble jusqu’à la fin de la tournée, unis pour le meilleur et pour le pire! » En général, un silence à couper au couteau suivait mon discours, et pour quelques jours nous repartions de nouveau comme un seul homme. Il faut savoir qu’il n’y a jamais eu de problèmes de fond, à part celui, chronique, du fossé entre les anciennes et les nouvelles. Des querelles de filles éclataient surtout à cause du partage des extras – cela pouvaient être aussi bien des vêtements que nous amassions au fil des festivals, que des gâteaux et sucreries que nous recevions de tous côtés. Les filles des bidonvilles, habituées à une certaine âpreté de la vie, sachant que ce que l’on n’attrape pas de ses deux mains, on ne l’a pas, se ruaient à chaque fois sur les « magots » et il ne restait en général plus grand-chose aux anciennes, qui étaient plus en retrait, et qui n’étaient pas non plus, dans un tel dénuement que celles des bidonvilles. Cela choquait et contrariait profondément Helena, qui de temps en temps piquait une de ses colères légendaires en essayant de remettre les choses en place et en fin de compte rendre justes et équitables ces partages de « butin ». Bien entendu, des discordes suite à des disproportions évidentes éclataient aussi au sein même du groupe des filles des bidonvilles. Une Janka, croulante sous le poids de son « hyper baluchon » et n’ayant plus de place où mettre de bijoux sur son corps, ne donnerait en aucun cas ne serait-ce qu’une miette à sa sœur ou à sa cousine, et ainsi de suite. Mais, même s’il y a gueulante, cela reste entre les siens, et ce n’est pas si grave que si l’incident se produit entre des sous-groupes, castes, différentes. Nous avons déjà traité ce problème de partage de toutes sortes de manières. Au final, dans une attitude alibiste, nous préférons laisser la gestion des vêtements à Ivana, Stano et Véronika, mais jamais il n’y aura une justice reconnue de tous en ce bas monde… Les garçons ne sont pas en reste, mais cela n’atteint pas, et de loin, les mêmes proportions qu’avec les filles, ils se contentent, les petits comme les grands de leurs baluchons que Stano leur distribue au cas par cas, et n’en font pas des histoires (à part Matej, qui est très possessif).

A ce stade là de la tournée sont oubliés, et heureusement, les haillons et pieds nus du départ. Tout le monde est resapé, relooké, on a tous des beaux vêtements, des marques. Matej, Kubo, et autres Tomas ou Domino pavanent dans du Lacoste, Adidas aux pieds…  et ils ont, fait rarissime,  même des chaussettes et des slips! Super!  Kubachy, qui sont, elles aussi, parties pour deux mois sans absolument rien, ont de quoi s’habiller pour quelques temps. Et Janka, elle, elle  peut ouvrir une boutique! Comme d’accoutumé, une discothèque vers la fin du festival sera la récompense naturelle pour tous les participants, qui, toutes nationalités confondues, attendent avec impatience ce moment festif ou tout le monde se défoule ensemble, la musique et la danse n’étant plus uniquement une démonstration  - performance en public, mais devenant une consommation à la première personne pour le seul plaisir d’exister, justement à travers la danse et la musique. Finalement pour les nôtres cela ne change pas tant que cela. Heureusement, et c’est là leur force, le plaisir, ils savent le prendre aussi sur scène, mais rien que le mot « diskotéka », véhicule en soi quelque chose de magique, voire envoutant, à quoi il est impossible de résister.  Au point même que les blessés, éclopés et autres lazars, qui sont quand-même de plus en plus nombreux au fur et à mesure que les jours passent, la fatigue emmenant son lots de blessures bénignes diverses, nous faisant devenir des abonnés permanents chez le toubib du festival qui fait de son mieux, eh bien tous ces cas graves, qui boitent, sautillent en se tordant de douleur pour cause de bobos respectifs, au seul mot magique de « diskotéka » retrouvent instantanément l’usage de tous leurs membres et corps meurtris.  

En ce qui concerne tout ce qui concerne les sorties, contacts hors normes, etc., je suis toujours très anxieux. Bruno, notre guide d´Haguenau, dirait que j’hallucine. Mais comment faire autrement, sachant que la fin de la tournée approche, je compte littéralement les jours qui nous séparent du retour, bénissant les Cieux  que jusque là il ne s’est rien produit de grave, pas d’incidents, pas de bagarres, pas de blessures. Pourvu qu’il en soit ainsi jusqu’à la fin. Amen. Au fur à mesure que la fin de notre périple s’approche, je suis de plus en plus inquiet et anxieux, souhaitant bien sûr qu’une chose, c’est de les ramener tous sains et saufs, comme je les ai pris le jour du départ. Mais je ne peux pas les enfermer, et bien entendu, je ne veux pas non plus  les priver de cet événement qu’ils attendent et qu’ils méritent amplement. Alors je donne des consignes très strictes à tous ceux qui font partie de notre staff, à David, Bruno et Christian en premier, mais aussi à tous les autres adultes : ce soir nous sommes tous en service commandé, pas d’alcool, pas de folies, les yeux partout, on surveille tout, on ne laisse rien passer.  A ma décharge, il faut rappeler que nous avons déjà eu par le passé toutes sortes d’expériences, dont certaines musclées, et  en contact avec les jeunes non-participants aux festivals, on ne maîtrise pas forcément tout, ne sachant pas à qui on à affaire, ou des fois en le sachant que trop… Donc tous sur le pied de guerre, à surveiller les débits de boissons, les allées-venues, les sorties, les entrées, etc., n’oublions pas que nous sommes quand même à une fiesta du houblon, et que la bière coule à flots. Mais il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Le service d’ordre du festival est plus que parfait. D’ailleurs il n’y a que des participants directs au festival, donc encadrés, et tout se passe très bien. D’autant plus, mais cela personne le sait, que l’on sert une bière sans alcool. Cela n’empêche pas une super ambiance. Il faut voir les mômes s’éclater. Des véritables lions des parquets. Un Matej ou Janka lâchés en solo sur du disco sont des moments rares qui rivalisent avec les meilleures chorégraphies de tous les groupes réunis. Les autres ne sont pas en reste. Notre commando surveille gentiment qu’il n’y ait pas d’abus au bar, mais rien d’exceptionnel n’est à signaler. Les grands essaient naturellement de s’envoyer quelques bières de plus et envoient les filles les chercher, nous les interceptons, c’est de bonne guère, cool. Un peu avant 2 heures du mâtin nous décidons de rentrer. J’y vais quand même de mon petit  discours dans le bus, comme quoi lorsque je dis deux - trois bières, ce n’est pas neuf – dix. Mais sans plus, sachant qu’il n’y eut pas d’excès à déplorer. Hélas, cela a suffit à Ferko, qui croyant avoir bu de la bière alcoolisée, donc étant désinhibé quand-même, me provoque en m’applaudissant du fond du bus timidement, mais quand-même. Pas très malin – la fatigue produit son effet sur mes talents pédagogiques, je le fais sortir, lui explique le comment et le pourquoi, et nous rentrons. A la sortie du bus la consigne est très stricte. Il est plus de deux heures du matin, il y a eu abus d’alcool, donc sans pardon tout le monde au lit, et tout de suite. Tout le monde obtempère sans mot dire, mais au hasard d’un petit contrôle je retrouve Ferko avec les Rakúsy sortant pour aller fumer dehors.  J’ai bien dit qu’il n’en était pas question et pourquoi ! Rien à faire, ils refusent de m’obéir. Ils, c’est plutôt Ferko, les autres suivent. Je m’interpose, leur barre le passage. Il n’est pas question de céder. Explications. Pourparlers. Toujours les mêmes arguments qui ressortent, ils se sentent lésés, je n’ai d’attention que pour Lomnica, ce n’est plus ça, etc., Cela me permet de recentrer le débat sur les dernier coups fourrés que nous ont faits Rakúsy – absences aux spectacles et tournées sans prévenir, menaces, calomnies et j’en passe et des meilleures!  Ils n’en mènent pas large, mais Ferko, qui n’est même pas au courant  de tout ça, puisqu’il bosse à Prague depuis plus d’un an, reste toujours buté, assis sur les escaliers, refusant de rentrer. Le temps passe. Il faut qu’Heléne, qui passe par là, pour qu’ils se lèvent enfin et rentrent se coucher. Il doit être pas loin de 4 heures. Reste encore samedi et dimanche avant de rentrer. Bien sûr que moi je suis debout à 7 heures, et Ferko dort jusqu’à midi passé comme un bébé. Cet incident m’a beaucoup marqué, et que je le veuille ou non, a altéré mon humeur jusqu’à la fin de séjour. Jusque là, je n’ai jamais eu à déplorer un tel manque d’obéissance. Bien sûr qu’il y a des manquements aux consignes, c’est naturel et c’est à l’ordre du jour, chaque jour que nous passons ensemble, dans la mesure naturelle de rapports adultes – enfants dans tout collectif de ce genre. Mais c’est toujours rattrapé et ça ne se produit jamais de manière ouverte, provocatrice. On peut même dire, que de manière générale, les enfants et les jeunes qui sont avec nous sont beaucoup plus disciplinés que le reste de la population.  Là, il ne s’est rien produit de grave, mais il est évident qu’au niveau de mes décisions et instructions je dois avoir une autorité absolue. Pas pour mon plaisir. Pour assurer une sécurité maximum aux 37 personnes qui sont sous ma responsabilité.  Cela remet en question la participation des ados ou jeunes adultes à problèmes, comme par exemples, cette fois-ci nous n’avons pas pris ni Viktor, ni David. Et heureusement. Ils auraient canalisés et usé notre énergie dans de futiles, mais éprouvants et exaspérants conflits inutiles. Si nous étions plus d’adultes expérimentés à encadrer, d’accord. Mais là, vu nos effectifs, pas de regrets de ne pas les avoir pris. Pareil pour Ferko et sa bande. C’est un comportement que je ne peux pas admettre, puisque je ne peux pas l´assumer, ayant une trop lourde responsabilité à porter. Faire le guet sans arrêt pour que des grands gaillards et ados en mal d’émotions  ne s’envoient quelques bières en loucedé est trop pour un seul homme avec autant de gosses à sa charge. Idem pour tous ceux qui fument. Il y en a de plus en plus. Et de plus en plus jeunes. Même si c’est de règle dans la communauté, tout le monde clope pratiquement dés le berceau, je pense que ceux qui ne sont pas adultes, et qui veulent fumer n’ont qu’à rester chez eux. C’est peut être dur, mais avec tous les obstacles à franchir, toutes les difficultés à braver, je deviens, moi aussi de plus en plus expéditif au fur à mesure que les années passent.   

Les deux derniers jours vont en crescendo en ce qui concerne la densité et l’intensité des spectacles. Nous avons aussi droit à un défilé, mais c’est sans commune mesure avec celui de Montoire. Par contre l’enchaînement des prestations tout au long des deux jours avec des temps d’attentes parfois prononcés entre les différents passages mettent encore une fois de plus à l’épreuve notre résistance et notre endurance. La fin est à l’identique du début, nous finissons par un court passage, mais avec un très long temps d’attente, sur la scène principale dans le fameux  « temple » de la choucroute, bière et chansons réunies. Pareil que le premier jour en arrivant : tout le monde est fatigué, épuisés par les temps d’attente conséquents, ceux qui peuvent dorment partout ou c’est possible, sur les tables, par terre, sur les bancs… Mais,  toujours fidèles à nous-mêmes, rien de cette fatigue et lassitude ne transparait sur scène. Nous assurons une performance pleine de vie, entrainante et  dynamique comme si nous étions au saut du lit…

Après le spectacle, nous voulons partir de suite pour faire le voyage la nuit et espérer arriver le lendemain en fin d’après midi au pays. Les chauffeurs ont fait leur pause obligatoire de 9 heures, le car nous attend juste à côté. Nous avons déjà fait les bagages et le dernier tri des affaires en partant à midi du lieu de l’hébergement. Moi je reste pour partir sur Paris le mâtin, le groupe fera le voyage sans moi, avec Helene. Il est minuit, l’heure du départ. Tout le monde monte, Dusan vient me voir discrètement si je peux lui donner de l’argent, il a des dettes au magasin de l’alimentation du village, et n’a pas un sous pour les payer. Tout le monde est dans le même cas, mais Dusan est adulte, il a trois enfants, quand je peux je l’aide de mon mieux. Là, bien qu’il était explicitement dit et convenu avant le départ que nous ne pourrons pas le payer, il aimerait rentrer avec quelques billets. Le problème, c’est que je n’ai pas de liquide. Nous avons fait les comptes avec Alain cet après-midi et il m’a remis un chèque pour couvrir les frais de transport. Après avoir fait au mieux, nous n’arrivons quand-même pas à compenser toutes les dépenses liées à la tournée, le coût du transport en premier lieu. Le système des rétributions des groupes au CIOFF, les festivals ne prenant à leur charge  que les frais de route sur le sol français, est trop restrictif  pour nous. Encore, si nous avions eu des subventions de notre gouvernement, ça passerait, mais là, il n’y a rien eu, et malgré l’aide généreuse à la dernière minute du CCFD, ainsi que l’apport du Ver’Kesaj, les avoirs  ne suffisent pas à couvrir toutes les dépenses. Mais au moins, ce n’est pas le trou abyssal que je craignais. On va essayer de s’en sortir avec des apports financiers que nous attendons dans un futur proche -  le complément du Programme Roms et Voyageurs notamment. Ayant à l’esprit le problème de Dusan, j’essaie de retirer le maximum de liquide que je peux au distributeur. Mais là aussi, il y a des limites. Il faut aussi que je laisse un peu de liquide à Helena. A la maison il y a une montagne de factures impayées, nous avons investi tout dans la tournée et laissés de côté nos propres créances. Juste après le départ j’ai fait encore régler quelques chèques de Dusan, mais chez nous, plusieurs avis d’exécutions nous attendent. Donc je ne peux donner à Dusan que de quoi tenir quelques jours en lui promettant de l’aider de mon mieux dés que nous serons rentrés. Peu après, il revient, et me dit gêné, que Véronika n’est pas d’accord. Elle vient, et devant tout le petit par terre de nos amis venus nous raccompagner  éclate une explication virulente, qui bien qu’en slovaque, est explicite pour tout le monde sur la nature du conflit. La fatigue et le stress aidant, les arguments ne sont pas des plus policés et des choses sont dites qui aurait pu être formulées différemment en d’autres circonstances.  Nous appelons le chauffeur et Alain pour qu’ils confirment tous les deux ce qui a été donné et reçu. Il ne reste qu’à monter dans le bus et repartir. Pas sur une meilleure impression. Je monte pour dire comme à l’accoutumée quelques mots avant la route et aussi pour marquer la fin de la tournée. Le temps presse, alors juste l’essentiel : « Nous avons tous vécu des moments exceptionnels, merveilleux. Personne parmi vous ne pourra dire le contraire. Je le sais, j’ai vécu tout ce temps à vos côtés, tous les jours, je vous ai vu heureux. Cela me rend heureux. Je suis aussi content  de vous voir avoir tous pris du poids. Vous êtes tous bien grassouillets, cela me fait plaisir. J’ai aussi le plaisir de constater que nous avons laissés les locaux ou nous logions en parfait état, les toilettes étaient impeccables, sans que j’ai eu à intervenir personnellement. Cela semble rien, mais c’est beaucoup. Dans la vie, c’est important de savoir faire le ménage derrière soi. Il faudrait savoir aussi le faire en son intérieur, dans son âme, dans  son cœur. J’espère que vous y parviendrez aussi un jour. Bonne route à vous tous ! »                

 
 

Haguenau 2015

Il n´y a rien à faire, les dernières étapes, on a déjà la tête un peu ailleurs, on sait que l´on va rentrer, d´autres idées viennent à l´esprit, on a un peu de mal à  se concentrer.  Mais Haguenau nous a pris dans ses bras... Ici aussi, nous sommes passé il y a des années, avec un souvenir d´un acceuil formidable. Nos anciens accompagnateurs nous attendaient, impatients depuis des mois de nous retrouver. Bruno a même menacé de quitter le festival s´il ne ferait pas partie de notre équipe d´encadrement. Normal, il était même venu nous voir en Slovaquie, il y a quelques années. Alors! Les Cluzels,retraités bénévoles du Festival de Felletin, qui ont été à l´origine de nos contacts avec leCioff, ce qui a donné toute la suite des tournées pendant des années, étaient aussi présents, des retrouvailles toujours pleines d´émotions.

A ce stade, on était vraiment comme des pros, toutes les interventions étaient au top, quelque soient les conditions matérielles, qui étaient parfois éprouvantes, vu les énormes masses de spectateurs que drainait le festival. La fatigue et l´usure étaient là, c´était indéniable, mais on ne laisse rien paraître, et on envoie une sacré énergie, que même les Bielorusses, toujours les mêmes, sont bien obligés de reconnaître. Comme c´est souvent le cas, en fin de parcours les masques de fer ont fondu, et les kominternes de Minsk sont devenus humains comme les autres et ne se privaient pas de faire les marioles avec nos jeunes.

Haguenau réunissait en son sein une vingtaine de groupes de tous les continents. Et de nouveau des retrouvailles inouïes après des années! Cette fois-ci, c´était la troupe du Kamtchatka, des vieux potes de l´autre bout du monde avec les quels on a fraternisé il y a dix ans. Et puis aussi les Îles Boréales, Tahiti, l´Argentine, l´Ouzbékistan, le Burundi, et que sais-je encore. Le festival nous a offert une méga discothéque techno en plein air, théâtre d´un battle de hip hop mémorable entre les Maoris et les Roms slovaques. Un vrai délire! Tous ces groupes, venus de très loin, ont passé plus d´un mois, voir deux. Pour amortir le coût des voyages il faut rester longtemps. Nous étions tous à la même enseigne, loin de chez nous, hors de nos univers et environements habituels et tous, nous allons repartir après ce festival au loin, à l´autre bout du monde, à la maison. Il s´en est crée un sentiment de connivence qui rendait les rapports plus ouverts, plus simples qu´au début,  lorsque nous nous sommes tous retrouvés pour la première fois.

Mais un orchestre dénotait un peu par rapport aux autres formations. Dès notre arrivée, nos guides nous expliquaient, un peu gênés, qu´il y avait aussi une autre troupe comme nous, une fanfare de cuivres de la Macédoine, qui jouait très bien, mais ils n´étaient pas comme nous, ils se comportaient comme des goujats, manquaient de respect envers les femmes, à  tel point que plus personne ne voulait les accompagner comme guides de tournée. Et c´étaient des Roms. On les a regardé du coin de l´oeil, pas question de fraterniser, s´ils sont comme ils sont, ils n´ont qu´à  le rester, on n´a pas besoin d´eux, ils nous font assez honte comme ça. Finalement ils n´étaient pas si méchants qu´ils en avaient l´air, c´étaient des petits jeunes, gros crâneurs, comme on en connaît plein chez nous, ils ne savent tout simplement pas se tenir, et leur côté macho avait du mal à  passer chez les Français. Donc nous faisions chacun notre vie de notre côté, on se regardait, mais on ne se parlait pas, Helena veillait au grain. Et quelle était notre surprise, lorsqu´au deuxième jour, les guides venaient nous dire que les Macédoniens ont radicalement changé de comportement, ils n´étaient plus odieux et hautains, ils sont devenus aimables, bien élevés, souriants et galants envers les femmes. Notre présence les a fait changer de tournure, ce n´était pas la peine de jouer au plus goujat, puisque l´on pouvait tout simplement jouer à celui qui est plus raffiné, plus poli, et ça n´empêchait pas de bien s´amuser quand même, tout en restant tsiganes à fond, comme nos gosses. Aussi simple que ça. Inutile de dire, que cela nous a fait un sacré plaisir, leur chef est venu nous rendre hommage, en expliquant aux siens, que c´est comme ça qu´il faut se tenir, aller à l´école, étudier, donner le bon exemple. C´était mieux comme ça et on passé du bon temps ensemble ensuite.

Il nous restait plus que la dernière prestation du Gala de clôture sur la grande scène avant de partir. On fera la route la nuit, comme toujours. Il y a un peu d´attente, tous les groupes du festival passent par sets de 15 mn, les uns après les autres. On est en quatrième position, ce qui nous permet ensuite de ne pas s´attarder et filer. Tout à coup, panique, Perska tombe dans les pommes. Ça lui est déjà arrivé le jour de notre arrivée à Issoire à cause de la canicule, et voilà qu´elle remet ca, juste avant de rentrer. Heureusement qu´ Ezel l´a ratrapée et elle ne s´est pas fait mal en tombant, mais elle n´est pas bien, les secours sont tout de suite là, on l´améne dans l´ambulance. Tous regardent, s´effacent pour laisser passer le cortége, il y a les Bielorusses, les Brésiliens, les Ouzbek, les Tahitiens, et je ne sais qui encore, le reste du monde. Je n´en mène pas large, je mets toujours la pression sur scène, comme un fou, et voilà ce qui arrive... Bourreau d´enfants! S´ils la laissent  à l´hôpital en observation, on est  foutu, ils la garderont quelques jours, peut-être une semaine, bonjours les dégâts. Mais s´il lui arrive quelque chose, ce n´est guère mieux. Heureusement que le médecin de service ne date pas d´hier, il l´examine consciencieusement, il conclue à une petite hypothermie, un manque de sucre passager, et nous pouvons ramener notre Perska avec nous, comme nous l´avons apportée. Au bout de dix minutes elle rigole dans le bus, tout va bien. Donc embarcation immédiate, direction Slovaquie, on rentre. Le voyage de retour se passe très bien, il n´y a pas de raison qu´il en soit autrement. Tout le monde dort la majeure partie du trajet, on se réveille juste pour un MacDo polonais, et le lendemain, vers 15h on livre tout ce petit monde à Rakusy, et ensuite à Lomnica.

 

Haguenau – ateliers enfants, 21.8.2015

Haguenau – spectacle à la Halle aux Hublons, 21.8.2015

Haguenau – spectacle au Forum, 22.8.2015

Haguenau – récéption a la Mairie, defilé, spectacle à la Halle aux Hublons, 23.8.2015

 

O Haguenau by sa dalo písať veľa. Dosť je toho v rubrike "Festivaly", ale je to po francúzsky. Tak aspoň v skratke. Haguenau je jednou z našich kultových destinácií. Už preto, lebo Festival du Houblon, ktorý sa v tomto meste poriada, je významným podujatím vo svete folklóru, patrí k tým profesionálne ladeným festivalom, ktoré už viac inklinujú k profesionálnemu, teda aj komerčnému chápaniu veci a v tom sa odzrkadľuje aj celkový  prístup poriadateľov. Ten bol veľmi akurátny, seriózny, je tu zreteľne cítiť nemecký, poriadkumilovný a preorganizovaný duch. Pochopiteľne, teleso nášho formátu a charakteru vzbudzovalo spočiatku určité obavy, a potom, keď to všetko dobre dopadlo, tak o to viac bol umocnený celkový vysoko pozitívny dojem, ktorý sme tu zanechali. Sprievodcovia sú našimi priateľmi až doteraz. Stále sme v kontakte. Keď sme sa sem po desiatich rokoch opäť vrátili, tak všetko bolo ako keby sme sa rozlúčili iba včera...

Keď sme tu boli prvý krát, v 2009, tak bolo plno malých, Mateja nosili na rukách, boli sme miláčikmi festivalu... V 2015, to už bolo iné kafé. Malí boli zrazu veľkí, bolo treba ukázať iné kvality, dokázať sa presadiť medzi ostatnými, profesionálnymi skupinami zo všetkých kontinentov. Išli sme na doraz. Stále na plno. Keďže to už bola posledná štácia nášho najväčšieho, 6 týždňového megazájazdu, boli sme riadne vyčerpaní, a treba aj povedať, že program festivalu bol poriadne naplnený, náročný, času na odpočinok veľa nebolo. Nadišiel čas posledného predstavenia, vo veľkej "gastro-sále", pred početným obecenstvom, ktoré sa počas predstavenia aj stravovalo, klimatizácia žiadna, vetranie mizerné, horúčava ako v auguste na Sahare... K tomu treba ešte pridať pomerne dlhé čakanie kým príde na nás rad, v nevyhovujúcich, malých šatniach ktoré zdieľame so zvyškom sveta. Nič to, ideme na to profesionálne, na ostro, ako "Rusi". Vždy hovorím, "machrujem" : keď niekto odpadne, tak ho polejeme studenou vodou a ideme ďalej!  A v tom, práve keď máme ísť na scénu, nám Perska odpadne. Ešte že ju Ezel zachytil, a nekvacla priamo na zem. Rýchlo, záchranka, tá bola našťastie hneď za dverami, a vynášame Persku na nosítkach, cez kordón Bielorusov, Indov, Kolumbijčanov, a čo ja viem ešte koho, ktorí v nemom úžase pozerali na obeť mojej umeleckej tyranie. Totižto, aby som trocha upokojil našich hostiteľov, vždy to trocha preháňam s disciplinou a s mojim "furerovským" prístupom. Je to viac menej na oko, mladí dobre vedia koľko bije, ale zase poriadok musí byť, tak to nie je vždy na škodu. Samozrejme, toto malé divadielko nikomu neunikne, a všetci sú ohúrení ako ma puberťáci počúvajú a ako to mám pod paľcom, a tvrdo a nekompromisne uplatňujem špičkovú pracovnú morálku. A tu zrazu toto! V tom okamihu sa z neohrozeného vedúceho stávam despotom, tyranom detí, netvorom ktorí ide aj cez mŕtvoly. To jen prvé kolo. To druhé, serióznejšie sa odohráva v sanitke. Čo s Perskou? Večný problém a stále tá istá obava. Len aby si ju nenechali na pozorovanie. Tým pádom by sme boli všetci blokovaní pár dobrých dní na mieste. Ani nehovorím čo by to obnášalo za komplikácie. Samozrejme, zdravie je prednejšie, hlavne aby jej nič nebolo. Našťastie, lekár zo záchranky nebol včerajší. Rýchlo posúdil situáciu, bolo zjavné že Perska bola dezhydratovaná, chýbal jej cukor. Nič takého čo by si vyžadovalo hospitalizáciu. Dokonca sme stihli aj vystúpenie, a onedlho sme už uháňali autobusom domov. Perska vyspevovala ako keby sa nechumelilo... 

 

Fete du Houblon

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